Nous aurons eu l'hiver doux et même un peu suave
L'oiseau nidifiant, Printemps, ses oisillons gave
Pour qu'à leur tour en beauté ils troublent le ciel
La nature est forte à ses jeux d'air essentiels...
Friedrich* chemine et ses pensées battent les champs
Ses doigts au long du pli du pantalon mesurent
Les syllabes d'un mot dont il tissera chant
Sitôt rentré à sa tour, delà les masures
Tübingen s'allonge au bord du Neckar aux rives
Serties des diamants de l'eau qui sont mortifères
Choses putrides qu'Ophélie en sa dérive
Attachaient à sa robe en compagnes d'enfers
Ophélie la folle est dans l'esprit de Friedrich
Un monde obscur qui croît dans de ferventes nuits
Il a des fleurs pour les femmes croisées : en friche
Sont ses sens qui depuis six ans se sont taris
Il plonge ses doigts longs en l'eau limpide et pure
Si d'aventure il allait verser dans les eaux ?
Il reviendrait au berceau et pour le futur
Ses vers légers et beaux deviendraient des radeaux
Il n'écrit plus que sur les saisons qui reviennent
Le temps ayant lassé ses œuvres du passé
Il ne pense plus aux vivants de Tübingen
Suzette seule remplit sa tête cassée
(*Friedrich Hölderlin, 1770-1843)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Poésie
Publié le 25/03/2017
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Poésie à découvrir... | Poèmes de jacou au hasard |
Annonces Google |
Ho merci Jacou ! Comment résister devant un si beau poème au désir de découvrir ce poète. Merci Maître ! |
|
Iloa Mys |
Merci à toi Iloa Mys pour ton commentaire :) Tu me fais un grand plaisir en souhaitant le découvrir, car j'oeuvre de loin en loin à le faire connaître et à l'acclimater un peu, ce poète génial, ce poète fol. Cadeau : "Au milieu de la vie" Le paysage se suspend au bord du lac avec des poires jaunes et empli de roses sauvages, Vous les cygnes hautains, noyés de baisers vous plongez votre tête dans l'eau sobre et sacrée. Douleur sur moi, où vais-je prendre quand viendra l'hiver, les fleurs, et où les rayons de soleil et les ombres de la terre ? Les murs se tiennent muets et froids dans l'hiver dans le vent les girouettes cliquettent. |
|
jacou |
Et second cadeau pour ton anniversaire, Iloa , le premier chant de l'élégie "Pain et Vin" ("Brot und Wein", traduite par Patrick Guillot) : À l’entour se repose la ville ; se calme la rue illuminée, Et, parées de torches, bruissent les voitures en passant. Chez eux rassasiés des joies du jour sont allés se reposer les hommes, Et le gain et la perte, les mesure une tête pensive Dans la quiétude du logis ; vide de grappes et de fleurs Et de l’ouvrage des mains, se repose le marché affairé. Mais un luth résonne au loin dans les jardins ; peut-être Là-bas joue un amant, ou un homme solitaire D’amis lointains se souvenant, et de la jeunesse ; et les fontaines Intarissables et fraîches bruissent dans les parterres embaumés. Calme dans l’air assombri résonne le carillon des cloches, Et se souvenant de l’heure un veilleur en crie le nombre. À l’instant se lève aussi une brise et s’agite la cime des arbres, Vois ! et le fantôme de notre terre, la lune, Aussi se lève en secret à présent ; la fervente, la nuit vient Emplie d’étoiles et bien peu soucieuse de nous, Brille l’étonnante là-bas, l’étrangère parmi les hommes, Par-dessus l’arête des monts passant triste et splendide... |
|
jacou |
ouah quel cadeau ! | |
marinette |
Très joli, pour ne pas écrire SUPERBE, merci pour ce partage! | |
lefebvre |
Merci Marinette : ces vers du grand poète allemand sont offerts à tous, en fait. Je ne cesse de revenir à lui, comme je relis régulièrement Jaccottet et René Char. | |
jacou |
Merci à toi Daniel pour ton sympathique message. Bonne journée d'un samedi qui s'annonce clair. | |
jacou |
Je suis pour le début effectivement la marche aide pour la pensée. | |
eric |
Si on ne sait pas qui c'est, avec toi on sait! Merci Cher Poète... d'avoir partagé ce poème. | |
suane |
Merci Eric pour le message : s'il a existé un grand marcheur, Hölderlin en était un, il a fait le voyage Francfort-Bordeaux à pied en quelques jours ! Chaque fois qu'il le pouvait, il ne se déplaçait qu'à pied, et, au vu de ses oeuvres pas seulement poétiques, mais aussi philosophiques (il a inspiré Hegel), ce devait être un bon stimulant pour la pensée, en effet ! | |
jacou |
Je te remercie, chère Suane, pour ton commentaire de ce jour, qui me va droit au cœur ! | |
jacou |
Votre érudition transpire dans tous vos poèmes et en paticulier dans celui-ci. | |
TANGO |
Merci TANGO pour votre avis. C'est un exercice parfois d'équilibriste quand il s'agit de concilier cette érudition avec l'émotion poétique pure. J'espère que la première ne mord pas trop sur la seconde, qui est essentielle. | |
jacou |
Je réponds à ta question : L'harmonie est parfaite entre le travail de "rapporteur" de tes connaissances et l'émotion poétique pure ...bravo et merci Georges :) |
|
Yuba |
Annonces Google |