L'aube sous bonne escorte délaisse la nuit
Pour un lever des cieux qui tant m'est délicieux
Chagrin de la rosée déposant douce pluie
En brume matinale où j'aiguise mes yeux

Les pensées grisâtres se réchauffent dans l'âtre
Que le ton automnal pare de teintes rouges
La flamme est vite éteinte en son vaste théâtre
De cheminée dont le surplomb est d'ombre et bouge

Le feu, venu lécher comme un chien caressant
Mes pieds qui sont frileux, est parti en fumée
Rejoindre la rosée et je sens que mon sang
Distillerait aussi sa chimie allumée

S'il me prenait l'idée de mourir à présent
Dans ce matin princier où des roses éclosent
Laissant à ces beautés qui ont commencements
Le soin du monde où mes os contre moi déposent…

(Mon jugement vaut bien le procès imparti
Que font les chats errants à leurs anciens tuteurs
Chassés qu'ils sont des toits où ils vivaient gentils
Par des gens qui ne sont dominants qu'en hauteur)

Mais moi qui vois vieillir un vieux cadran d'horloge
À qui je demande en vain la suspension d'armes
Et dont l'aiguille pour ma perte en mon corps loge
Qu'ai-je à faire ici-bas où Dieu sait mes alarmes ?