Je suis une petite fille
Qui vit dans une grande ville
Elle est bombardée nuit et jour
Par des monstres à l'air humain
Aidez-moi à passer les soirs
Où je ne suis pas parmi vous
Et à retrouver une aurore
Entre les murs d'un matin rose

Petite poupée, étincelle
De silence au creuset de nuit
Ta voix frémit de peur, instable
Tu nous fait maudire les hommes
Là-haut, sur ta terrasse, un signe :
Tes yeux ont la beauté des cieux
Dévoilant la grande espérance
À renfort de constellations

Les paysages de Syrie vont au désert
Quêter le calme des oasis parfumées
Fleuves détournant leurs cours pour nourrir les terres
Collines arides qui partent en fumées

Les villes sont les champs de tirs de toutes armes
Les obus sont chez eux, de gaz et de phosphore
Aux femmes et enfants, on arrache des larmes
C'est à coups de massues que vaincra le plus fort

Des gens courageux courent à travers les ruines
Sauver les dernières secondes d'une vie
Mais je ne t'oublie pas, ma petite héroïne
Tu es malgré toi le symbole de la Vie

Qui s'obstine parmi les déchirures chaudes
De sang des corps occis dans les ruelles sordides
Aux décombres tassées, nul chat n'y fait sa rôde
Et nos images peuvent paraître insipides...

Il y eut Guernica, Stalingrad, et Alep
Villes rasées d'un coup, jour après jour, images
Sur lesquelles on colle : "Plus jamais ça"... Hep !
Tu ne peux mourir ! Tu le sais ! Tu es Courage !

À Bana Alabed, petite Syrienne de 7 ans