Un condensé de feu, de flamme, un incendie
Noie tous ces feuillets composés aux temps jadis
Où l'homme d'aventure assemblait les étoiles
Pour rendre leur aspect sur de vibrantes toiles
Et dessiner de ses mots les anciens desseins
Comme on dit des choses qui fouaillent le sein.
Se peut-il qu'un mot soudoie notre imaginaire ?
Qu'il tisse mille fils où, vibrant dans nos nerfs,
Il ira quérir dans sa toile mille aspects
Fatigant le cerveau dénué de la paix ?
Appelons-nous par ces mots qui sont étincelles
L'art d'Apollon revu de manières nouvelles
Car dix siècles de poésie ont travaillé
La langue française, et les vins embouteillés
N'ont plus même saveur depuis Villon, Marot,
Bus après Baudelaire et Verlaine et Rimbaud
Tandis que se noie l'incendie dans tes prunelles
Consumés les feuillets épars en étincelles,
Je rêve à nos amours qui furent incendiaires
Comme toute passion à son seuil liminaire
(Je te sais patiente avec moi comme est ta flamme,
Puis je veux de nous deux conjuguer fines lames
En amoureuse escrime encore autant de lustres
Que demain les serments des amants nous illustrent)
Tandis qu'une feuille au vent élève des cendres
J'aspire à la montée, jamais à redescendre
Comme ma vie fut trop de fois montagnes russes...
Je veux le roc de ton amour, petite puce.
Cheminons ensemble en les montagne et forêt
Buvons l'eau des fontaines taries à jamais
Après nos passages mouvant le ciel altier
Car nous sommes deux géants dont le monde entier
N'épuise pas les contours et l'ombre jetée
Nous sommes pèlerins d'un éternel été
Nos amours jumelles ont pouvoir d'un grand feu
Qui illumine de la terre jusqu'aux cieux
Et le long des flammèches heureuses qui filent
Je jette les mots de toutes mes vieilles îles :
Crépuscule, aurore, aube, prunelle dorée
Soleil, octobre, étincelle, ambre mordorée
Je fais un grand feu ma poésie essentielle
Un condensé de flamme, et je le voue au Ciel !
Et, pour peu que l'urne ait débordé de ces cendres
Je souffle un air léger pour les faire descendre,
En tapisser le sol tels des effets de roses
Vêtues de pétales qui sont effet de prose
Et, mourant dans leur sommeil ainsi que les choses
Dont on dit qu'elles nient l'Histoire âcre et morose,
Je les veux pour nos pas faire un tapis de feuilles
Que, ta main dans la mienne, nous allions au seuil
Sur ce pavement d'un sol que nos yeux irisent,
Qui nous attend avec ce fond de cendre grise
Des ciels fuligineux que les peintres étalent,
Tel Friedrich pour le dais de son moine fatal !
Puis vient le temps que nous sortions de cette histoire
Par la porte bâillant avec cornes d'ivoire
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Evasion
Publié le 05/10/2020
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C'est un feu ardent qui brûle en ces mots où l'âme de la poésie et la flamme de l'amour s'entremêlent étroitement, intimement, pour entretenir le brasier, comme l'oxygène duquel il se nourrit. Et pour arriver à une telle intensité d'expression, il faut qu'un grand feu brûle dans le coeur du poète! J'ai vraiment apprécié la puissance de ce poème, merci beaucoup à toi. Avec mon amitié toute vive :) |
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Matriochka |
Une plume de feu en quête d'infini, dans la finitude-même des êtres et des instants. Ainsi que Lamartine l'écrivit, "L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux" Ce vers résonne en écho aux vôtres, où passe le souffle de la Poésie à l'état pur, minerai essentiel extrait des profondeurs de l'âme et ciselé avec un soin assoiffé d'excellence. |
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Ombrefeuille |
Bonsoir, Bien cher Jacou ! Quel Feu sous votre Plume ! Les Mots, les Vers s'embrasent, les Etincelles jaillissent à nos Regards .. Poésie / Amour, tout se lie, tout s'épouse dans ce Brasier Littéraire .. Bravo et Merci de ce Partage .. LyS .. |
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Lys-Clea |
Brûlant de passion, un feu ardent que ce poème au rythme soutenu! Merci Jacou | |
Vermeil |
je connais le moine de Friedrich et mes yeux fatigués garderont la strophe dernière car bien que j'aie scellé une urne mortifère elle déborde encor de ses cendres rougies |
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justine |
Matriochka, je te remercie, le cœur qui brûle en moi me consume, parce que je suis passionné, et je m'efforce, quitte à me perdre, à ce que ce soit dans la contemplation du beau, et dans la compagnie des belles personnes. Sur ces deux plans, je suis satisfait dans la vie : ma maison est pleine de livres sur les peintres et la peinture, achetés ou empruntés aux médiathèques, et au travail comme sur Icetea, dans le réel et dans le virtuel, j'ai des amis bénéfiques qui me réconfortent et m'offrent leurs joies et peines de vivre en partage. Je veux continuer à brûler de la sorte, grâce à toi, à vous, j'ai goût à rire depuis peu, à nouveau, alors que la dépression m'en avait durablement privé. Aussi, ma vive amitié pour toi me comble :) |
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jacou |
Quand vous parlez de la "poésie à l'état pur", Ombrefeuille, vous, qui en connaissez en la pratiquant l'approche sensible, dans la compagnie de maints poètes subtils, vous, je vous crois, et je dois vous en remercier mille fois, de ce compliment qui me touche. Belle journée à vous ! |
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jacou |
Bonjour et merci ma chère Claire : mots qui comme ceux des poèmes sonnent tels un viatique heureux pour me désigner une journée souriante ! Encore merci à toi, belle journée en retour est ce que je te souhaite ! :) | |
jacou |
Vermeil, vous remercier pour vos mots est un plaisir. | |
jacou |
Justine, mes condoléances t'accompagnent, les rites de la mort sont dignes, je devine un peu ta douleur si grande, mais ton cœur est grand aussi, et il contient le monde où tu te mis tant aux services des autres : encore aujourd'hui, par tes lectures ! Et ce moine de Friedrich, mon rêve illusoire de retrait hors du monde... Bonne journée à toi, Justine. |
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jacou |
attends tu vas voir comment on passe le pont des soupirs | |
justine |
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