Casse en deux cette chaîne à nos chevilles mises !
Quand cesse le gémir et qu'agir est effort !
La raison est cocasse attachant ma promise !
Elle a chanté ce jour trop près d'un contrefort !
Pour moi qui suis son prince et qui pour elle en pince
Par elle enfin pourquoi je gis dans la prison,
Nos pieds vont délacer les liens avec sa pince
Que ma belle ôta des yeux du gardien frison
Elle est forte à ces jeux par ses pommes de joues
Son ris est plus complice encor que geai qui chante
Le jais de ses cheveux c'est sur moi qu'elle en joue
Biche qui prend son pied et du mien le décante !
Si je suis son prince mon roi est à mes trousses
Car la jolie personne est rien moins que la reine !
Le gardien frison tend sa chevelure rousse
Il vend sa mèche et est tondu en belle étrenne !
L'oubliette abolie nous paraissons au jour
Vite à couvert de ceux qui ne sont pas des anges !
Tirant de ces flèches qui ne sont pas d'amour !
Notre sang répandu ferait précieux mélange !
Quitter Jérusalem et Saladin rejoindre
Parcourir un pays que les Francs asservissent
Sera pour nous mon cœur une peine un peu moindre
Grimé en roux je suis manant à ton service
Le châtiment du roi me vaudrait des sévices !
Ma souveraine est si amoureuse de moi !
Que lors nous n'irons pas présenter nos deux vices
À Saladin mon roi, ta reine est mon émoi !
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C'est ainsi que notre prince Hassan fut croisé
Par un Assassin* furieux comme une Érynnie** !
Les Arabes trouvant étrange qu'un Croisé
Soit par ce malveillant accueilli puis puni !
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Le désert où la rose des sables est nuit
Recueille tous nos os sous les regards des aigles
Saladin remet la main sur sa reine enfuie
D'Hassan elle a gardé pour elle un air espiègle...
N. B. :
*Les Assassins ou Haschichins, agissant sous le pouvoir d'une drogue, étaient membres d'une secte politico-religieuse dont la mission était de tuer princes chrétiens et émirs musulmans, à l'époque et aux lieux des Croisades afin de semer la pagaille chère aux nihilistes.
** Les Érynnies sont dites aussi "les Bienveillantes" par antiphrase car elles poursuivent pour châtier ceux qui ont commis des crimes dans la mythologie et dans la tragédie grecque, en l'espèce ici ceux de lèse-majesté et d'adultère.
P. S. : Le prince Hassan n'a jamais existé.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Evasion
Publié le 31/03/2019
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ouah c'est incroyable eh bien voilà à quoi sert la culture on peut la mettre dans tous les écrits les jeux de mots les sonorités les bifurcations illusoires j'adore et depuis ce matin je travaille dur de ce côté ça se bouscule l'assassin Hassan qui croise les croisés ça vaut son pesant de cacahuètes dans le désert l'oubliette abolie et le gardien frison mallarméen en taule le jeu de pommes des joues le ris du geai de jais je le crie seule ici je voudrais tant le lire c'est c'est c'est it is it is it is gracias a ti por tanto devolverme tanto placer y gusto |
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marinette |
Une histoire dans le temps et des jeux de mots raconté avec art, bravo pour cet exploit | |
fee-de-ble |
Marinette, je t'adresse mille mercis pour tes bonnes lignes qui sont le réconfort de qui écrit : tu as goûté les petits reflets de langage que le cher Stéphane Mallarmé enseigne à glisser doucement. Je n'oublie pas que la culture n'est rien sans la flamme poétique, mais c'est un charmant pot de confiture à l'occasion et je m'en barbouille alors les doigts. Je t'embrasse. | |
jacou |
Fée de blé, merci infiniment pour ton appréciation ! | |
jacou |
Quel vrai talent de poète et de conteur tu as Georges! Car conter ainsi une petite histoire d'amour à travers les mailles de la grande Histoire décante en nous la possibilité d'approcher le mélange réalité /rêve par dans une beauté déchainée et absolue Après les croisades vues par les arabes d'Amine Maalouf, Voilà les croisades vues par le poète Georges/ Jacou ! |
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Yuba |
Je te remercie Assia de l'enthousiasme prêté à ta lecture de ma petite histoire enveloppée dans la Grande ! J'apprécie beaucoup Amine Maalouf, en fait rares sont les romanciers modernes dont j'ai lu au moins trois romans : avec Umberto Eco, donc, il trône en bonne compagnie dans ma bibliothèque idéale ! J'aime son talent de conteur, et c'est pour ça que j'ai lu deux fois "Les croisades vus par les Arabes", puis j'ai lu "Léon l'Africain" passionnant, et l'histoire de "Mani", créateur du manichéisme. Me reste à lire aussi "Le rocher de Tanios", que j'ai repéré à la médiathèque. | |
jacou |
Moi aussi j'ai lu et continue à lire Amine Maalouf dont j'ai croisé la talentueuse narration d'abord par Léon l'africain ... Nous devrions échanger nos livres de cet auteur , moi j'ai : Samarcande que je te conseille vivement , les échelles du Levant , les jardins de lumière , le premier siècle après Béatrice et un essai magnifique sur l'Histoire géopolitique du moyen orient : le déréglement du monde que j'ai prêté à une amie ... Merci de m'aiguiller vers Umberto Eco , je vais m'informer sur lui car je fais confiance à ton ressenti !En fait je le connais par ; le nom de la rose mais pas encore lu ... |
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Yuba |
Ah oui, j'oubliais, d'Amine Maalouf, car j'ai lu tant d'essais sur le Moyen-Orient (Georges Corm, Jean-Pierre Filiu...), j'ai aussi lu cet essai de lui dont tu parles ! Concernant Umberto Eco, je te conseille de le découvrir en lisant son chef-d'œuvre adapté au cinéma : "Le nom de la rose", puis de découvrir "Le Pendule de Foucault" (roman à propos de croyances ésotériques) et "L'île du jour d'avant" (aventures). Puis encore "Le cimetière de Prague" (roman), et aussi, deux essais sur les arts donc bien illustrés : "Histoire de la Beauté" et "Histoire de la Laideur". |
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jacou |
Je te remercie Georges pour toutes ces belles références ...je commencerai donc par le nom de la rose ! | |
Yuba |
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