Dans la nuit médusée d'un probable alentour
Je cherchais sa main nue comme son âme éteinte
J'abritais dans mon coeur chacun de ses contours
Mon souvenir creusait son visage en ses teintes

L'obscur séjour dont je maudissais la présence
Pour qui j'aurais sommé les dieux de la rejoindre
Avec infiniment de douceur et d'aisance
Au moment où la vie laisse enfin le jour poindre

L'obscur séjour tombait sur mon âme meurtrie
Telle une nuit sans nom, sans couleur, sans parfum
Qui ne cachait rien de ma forte idolâtrie
Pour celle qui jadis offrait ses fruits sans fin

Ces fruits que ma chair ivre attendait pour pâture
Au déclin des jours purs, à l'orée des soirs d'ors
Comme à tout infini s'éveille la nature
Comme seul, à présent, dans la nuit je m'endors

Et son ombre galbée dessine en ma mémoire
Un ruisseau de douceur, de folies et d'amour
Elle a été pour moi l'infini dans sa moire
Atteindrait-elle enfin la rive sans recours ?

Je n'y puis croire encor, je la revois vivante
Le tranchant de son rire a captivé ma flamme
Elle est ma volupté même si tout s'évente
Elle est, en mon miroir, la plus belle des femmes !

Dans mon obscur séjour, dans ma nuit médusée
Lorsque tout se dévêt des choses que je sème
Et que je vois clair, par tous mes sens accusés
Lors elle n'est plus morte : elle est celle que j'aime !

The Stranger et jacou