Le tonneau des Danaïdes, j'y jette un oeil :
il me revient avec une cocarde.
Je tombe à mon tour de tout mon long dans ce tonneau :
sacré sac d'os cette histoire !
Me voici à l'ère révolutionnaire :
je n'ai pas l'air d'y croire,
pourtant je suis dressé à l'échafaud
comme un abbé à abaisser,
ou à étêter du haut.
Tandis que d'un oeil j'emballe une duchesse*,
vêtue comme l'as de pique,
je suis séparé d'elle :
on préfère me présenter la face de Danton
armé de toutes des dents.
Elle est bien belle !
Je vous l'emballe !
En effet.
Quand, rousseauiste, le cor de Diane chasse au fond des bois,
en ville, que de remue-méninges !
La toile de Chénier** est filée :
aucun de ses vers ne le nourrira plus.
C'est plutôt l'inverse.
Qu'il en laisse à conter,
ce sont des arrhes pour l'avenir,
quoique l'ancien tonneau ne soit sûr abri
pour la jeune tarentule.
Il est juste que les saints périssent parmi les victimes,
sinon où pétrir le culte ?
Pétrir, c'est aussi s'empêtrer au bout du compte :
ainsi se dérobe Robespierre.
Pour engloutir le nectar nouveau des jeunes années,
voilà virevolter Napoléon,
tonnerre des derrières de ses ennemis :
il les culbute en masse.
Ses sauts demi-fugaces font le plus grand mal,
mais la coalition des nations annule ses assises
et isole le damné dans son île.
Survient le règne des tonnes, nom de Dieu !
L'être singulier se perd dans les artères du siècle suivant.
A qui n'a-t-il pas échappé qu'à Nagasaki
l'humanité après en avoir trop fait
se réduit à l'atome qu'elle aiguise ?
Il la perdra. Dans de beaux draps aux yeux d'Athéna.
Les noces de l'atome et de l'humain,
de la tonne et de nul Un,
depuis les Présocratiques*** jusqu'à la prose critique,
ne sont qu'une longue déconvenue offerte au peu de réalité.
Mais aussi, quels pauvres moyens,
quelle haine avec le mot,
l'homme, le tome, l'atome
et l'automatisme à s'affirmer !
(* la duchesse de Lamballe, massacrée pendant la Révolution)
(** André Chénier, poète guillotiné, auteur entre autres de La Jeune Tarentine)
(*** philosophes et poètes grecs du 6ème siècle avant J.C.)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Drole
Publié le 24/05/2014
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une bien belle poésie, une magnifique écriture et une philosophie cet homme aux mille intrigues aux mille énigmes sans réponses, homicide du renouveau meurtre de la juste parole aux profits d'un injuste moi, combien de noblesse perdue puis regrettée et Dieu sais s'il ne reste pas encore un atome pour tous!!! très bel hommage pour un homme qui a chanté la juste cause de la liberté... merci très cher ami jacou de nous faire découvrir ce visage enfoui dans l'histoire au mérite incontesté en littérature... bien à toi, mon très cher ami zeste |
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Je te remercie, mon très cher ami zeste, pour ton commentaire sensible et passionné. Cordialement. |
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jacou |
BRAVO ,,,, | |
flipote |
Merci, chère flipote, pour ton petit mot ! Cordialement. Je dois réparer une erreur de frappe : - à la 14ème ligne du texte, il faut lire : "armé de toutes ses dents" |
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jacou |
Excellent. | |
Syntax_Error |
je commente plus brèvement que ne le voudrais ! pardon ! | |
flipote |
Merci, Syntax_Error, pour le commentaire ! Ne t'excuse pas, très chère flipote, pour la brièveté : souvent un mot éloquent suffit ! Cordialement à tous deux. |
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jacou |
Merci et félicitations, très cher jacou, pour ce magnifique poème. Vos écrits sont, je trouve, toujours admirables, mais là vous vous surpassez ! Ce poème est empli de superbes trouvailles, qui s'associent parfaitement entre elles pour tisser l'histoire moderne comme les Moires déroulent le fil de la vie, et rendre un bel hommage à c grand artiste. Un brin de merveilleux, d'innombrables références, des jeux sur es mots omniprésents, une écriture toujours fluide et une pointe de dénonciation... du grand art ! Bien à vous. |
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Florent |
Un grand merci à vous, très cher Florent, pour votre commentaire élogieux qui me va droit au coeur. Cordialement. |
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jacou |
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