Narcisse au bord de l'eau se contemple et s'étonne
Il a fui les vallons que recouvre l'automne
Suis-je moi ? suis-je le lieu de tant de beauté ?
Pense-t-il allongé auprès du lac gris-thé.

La nature entière est le théâtre amoureux
De ses trépignements d'extase et de ses jeux
Il va toujours seul au milieu des animaux
Oublie les humains trop éperonnés de maux

Il sait que les êtres comme lui sont uniques
Aime luire au soleil dévêtu des tuniques
Allant nu parmi ses frères des forêts vertes
Se parant des feuilles des clairières ouvertes

Non loin de lui la nymphe Echo bourdonne en vain
Il n'a que lui en tête et à portée de mains
Et pour lui l'éternité, ne meurt que l'été
Il est jeune et beau, son destin c'est d'exister
Le lac où il se noie n'est pas l'eau du Léthé.