J'ai longtemps voulu écrire un hymne à la Nuit.
La liberté qu'elle offre, fervente qu'elle est,
- quand le monde est plongé dans d'insondables puits -,
d'approcher sans effort la forêt des trophées

qui sont ensevelis au profond de nous-mêmes :
ces trésors ignorés que le rêve prodigue
( d'un inconscient majeur les joies et les problèmes)
à tous ces dormeurs-nés dès lors brisant les digues.

À celui qui veille et qui sait qu'un long ennui
le menace où le monde assaille son veilleur
d'un silencieux exil hors la tête qui fuit,
en folie imageant ce que nie le rêveur,

il n'est pas de sortie : tout paysage est vide,
la lune luit sur les pays d'obscures cendres,
et lorsqu'il sent venir le sommeil qui l'évide
le veilleur sait que c'est la mort qui va descendre.