Restez sobres ! Si vous pensiez...

Au bord de l'eau vous suiviez du même oeil
qui vous déroba la ville
le calme écoulement d'une clarté empruntée.

Beaucoup se sont donnés aux rêveries près des ruisseaux.

Rimbaud sondait la rivière où il ne pouvait boire,
Mallarmé dérivait élégamment dans la fluide stylistique aquatique
où se résorbait un vain rêve vieux d'abandon.
Mais pour ceux-ci la force des rames ne laisse pas aux mares
le soin de décider de leur sort.

Ils n'ont pour trésor que les rides d'un instant effacées
à la surface de l'élément limpide
qui glisse entre les bois affaissés.

Songez combien la Sorgue a convoqué de rencontres
à la chevauchée des siècles,
ainsi que des cycles se renouvelant
des chants charriant les sanglots
de grande ampleur acoustique.

Pétrarque à la recherche de sa fontaine de jouvence,
la ragazza Laure sous la terre évadée,
"Evadné", né de cette terre aussi René Char,
baignant dans le fleuve toujours et encore la seule fois,
mais la mélancolie ne l'inspirait pas...

(à suivre)