Feuillage mon refuge est liesse de verdure
Ulysse y resterait bien plus que dix ans d'âge
Avec son brigandage à grand goût d'aventure
Ne m'y cherchez plus qui suis mort dans ses parages
Mon cadavre étonné de clore un beau regard
Sur ce monde automnal où vadrouillaient des feuilles
Douze douilles ont eu raison sans un égard
D'un corps dont nul n'a cru qu'il irait aux cercueils
Sur ma lyre ai-je tant chanté maintes compagnes
Fleurs nourrissant de leurs baumes les heures lentes
Qu'un Temps irréparable assigne ici pour bagne
Promesses de beautés sont les femmes hurlantes
Car la saveur d'ici, entre naissance et mort
N'est-elle pas les cris que la vie nous arrache ?
Même jeune arrêté, je me les remémore
Et pour mon cri à moi, il n'y eut nulle hache !
Je fis mourant un flop de mauvais comédien
Plût à Dieu que l'ardeur de mes reins assassine
Celle dont j'ai songé, qu'en son brutal instinct
Gisait une image de reine cabotine
(Lauren Bacall aurait eu la lueur d'un œil
Moi, non Bogart, faisant tâche dans le décor
Sortant pas net de mon allée des Écureuils)
Elle m'aurait soustrait de l'attache d'un corps
Cependant, j'ai mon âme et elle est suspendue
Dans l'univers terrible où s'éternise un monde
Le marécage hideux, le Paradis perdu
C'est l'Enfer où croupit toute carcasse immonde
Mais mon âme est encore en quête du haut Ciel
Je fais toc-toc mais nul préposé rien ne m'ouvre
Tant pis pour moi qui ai déjà vu l'essentiel
Lorsque je traînais tant autrefois dans le Louvre
Mais à revenir vers nos moutons j'interroge
Qui laissa ma dépouille en ce bosquet de plantes
Aussi vrai qu'à présent je ne suis plus un Georges
Mais la chose qui n'a plus de nom, et qui hante
Car mon appartement, je le promets, mon home
Va devenir céans, muni de stores sombres
Le logis puant de mon obstiné fantôme
Et je ferai des peurs en projetant des ombres
Toi, la Femme ayant tué dans moi l'espoir d'années
Toi, l'infâme oh je te poursuivrai de ma rage
Et, comme disait la chanson qui m'a damné
«Je te survivrai*» en coulant sur toi l'orage !
*Chanson immortelle de Jean-Pierre François qui, entonnée une soirée de karaoké mais chantée faux, m'a valu ma mort présente :
https://www.youtube.com/watch?v=uxXR5UmuabM
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Chanson
Publié le 11/05/2021
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Un texte profond très bien écrit, la quatrième strophe m'a émue, elle est magnifique Bravo |
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Edelphe |
Bonsoir Jacou .. J'en reste sans Voix .. Ta Lyre nous chante ses Notes plaintives ..:) Bravo ! Amitié, LyS |
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Lys-Clea |