Le torrent empêtré entre les jeunes roches
Sent ces rocs durs pétris dans l'érosion par l'air
La terre est foulée par l'homme qui s'approche
Rendant hommage à ce spectacle de mystère

Il est allé là-haut à l'assaut des montagnes
Mais c'est bien lui-même en sa psyché qu'il explore
Il marche en esprit seul contemplant des campagnes
Déployées de pays montrant leurs vrais trésors

L'homme a souci des cieux qu'il est près de toucher
Mais la glèbe convient au paysan farouche
Taiseux comme pas un il fuit tous les vieux chais
Embouteillés de vins distillant dans les bouches

Les mots méchants que les alcools parfois inspirent
Dans les soirs d'ors où les couchants ensanglantés
Demandent le pardon dans leurs derniers soupirs
Et cette nuit en lui l'accompagne en montée

Poussin et Friedrich sont ses compagnons artistes
Mais lui comme Vincent retourne et profond bêche
Ses labours dans les champs lui paraissent si tristes
D'être accomplis sous un soleil au teint de pèche

Alors qu'il voudrait tant anoblir ses sûrs gestes
Par touches de couleurs, il fredonne « paysan »
Et c'est Cézanne alors qui va graver sa geste
Dans son rêve il reçoit d'ailleurs un beau présent

Lui l'inculte a vécu pour transformer le monde
Il court tel le torrent pour déranger des choses
Et faire frémir d'aise autant de jolies blondes
Que les ans lui donnent avant grande ecchymose

Ce cadeau si précieux est la nature-morte
Que sa mémoire appelle, vue jadis au Louvre
Il la dessinera, de ses mains qui sont fortes
Redeviendra naïf pour que la Porte s'ouvre !