Quand je vois ces tableaux qui ravissent mon âme
Je me laisse aspirer dans un monde étranger
J'y retrouve pourtant des signes familiers
Car ils célèbrent tous la beauté de la femme

Non cette beauté fade où aspire l'art tiède
Mais celle ruisselant des cascades du ciel
Qui poudrent d'or fin les cheveux mouillés des belles
Et les font rutiler au soleil des aèdes

Ces toiles ont pour moi la douceur des caresses
Elles font scintiller les peaux moites de sueur
Miroiter les iris où s'enclosent les peurs
Sont un chant exquis pour qui aime la jeunesse

L'espérance lassée de n'avoir de remède
Y trouve son compte et une seconde chance
C'est à elle, éternelle, à trouver les cadences,
Pour jouer un tour subtil au destin qui nous aide

Quand les soleils couchants irisent les prunelles
Des forêts profondes sortent des cris d'extase
C'est la nature entière élevant son pur vase
Qui célèbre la noce, où se meurt l'étincelle

De cet incendie qui tout un jour a brûlé,
Les durs rameaux sont morts des frondaisons sublimes
Les feuilles sont froissées qui naviguaient aux cimes
Et sur le sol la cendre est partout balayée

Je m'éveille d'un rêve où je voyais des toiles
Je les imaginais, ô ces tendres mirages,
Ceinturées en robes, venues du fond des âges
Je lève le regard, contemple les étoiles

La dame et le tableau me poursuivent sans trêve
Je ne fais que chérir des portraits d'amoureuse
La femme qui court dans la rue est plus heureuse
Et l'oeuvre achevée c'est le corps nu de mon Eve

(librement inspiré par le préraphaélisme)