Que nous faut-il parmi nos jours
En cette étoffe hallucinée
Où nous enrobons les amours
Dans un berceau de premiers nés ?

Être soi pousse au désespoir
Plus d'un qui s'est filé de soie
Lorsqu'il croyait être d'ivoire
Dur au mal et de peu de foi

Souvent fragile est l'âme humaine
Ce ne sont pas des légions d'anges
Que nous croisons dans nos semaines
Mais nous heurtons des gens étranges

Ils ont par nous bien des souffrances
Dont nous taisons les origines
Or n'est-il rien qui soit plus rance
Que se cacher à soi ces signes ?

Nous allons en vivants symboles
Sommes beautés comme laideurs
Inspirons de pieuses oboles
Ou cueillons les fruits des plaideurs

Aucun regard n'est assassin
Pourtant veillons sur ses yeux pers
Qui nous perçant vont jusqu'au sein
Femme troublant l'âme qui verse

Elle, qui il y a longtemps
Etait la tant belle première
Qui t'emporta dans un instant
En un pré de roses trémières

La saveur est là vive encore
Mais le soir descend sur mes cils
Constante à fermer le décor
La nuit s'installe en moi docile