La pluie tape à la vitre car elle veut entrer,
Un feu crépite dans la cheminée,
Des larmes d'eau pourraient l'éteindre,
Les larmes de la pluie dans sa tristesse
Mettre fin au sourire carnassier des flammes
Et l'incendie périr dans le cœur de l'homme,
Tandis que la femme en extase gémit d'aise,
Sous le regard noyé et moite de la pluie
Qui tambourine à la vitre...

Les deux amants silencieux se pâment,
La pluie est sourde à leurs plaisirs,
Elle entasse ses gouttelettes sur le toit,
Qui dévalant les tuiles,
Se perdent aux rigoles,
Elle fouette les vitres avec ardeur
La même ardeur que prend le feu à mourir,
Se consumant avec lenteur et grâce
Dans l'incendie de ses cendres,
La beauté des gestes,
Qu'homme et femme échangent
Est d'une langoureuse agonie de plaisir...

Pluie et flammes s'opposent
Comme l'homme et la femme amoureuse,
Les jours et les nuits se complètent
Et forment le drame de l'aube
Suspendu de l'aurore au crépuscule,
Pas un jour ne finit sans une mort,
Alors, avec un mouvement désinvolte,
L'homme sort un pistolet de nulle part
Et tire dans la tempe féminine
Puis retourne contre lui l'arme,
Le feu finit de crépiter dans l'âtre,
Déjà, la pluie s'éloigne de la fenêtre...

Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amour
Publié le 18/10/2017
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 18/10/2017 à 06:01:24
Vu de cette manière :
Comment blâmer cette homme ?
Comtedesaintgermain
Posté le 18/10/2017 à 11:23:32
Quelle atmosphère!
Ton poème est digne d'un roman noir.
Bravo Jacou.
:-)
Iloa Mys
Posté le 18/10/2017 à 11:24:01
Je suis un bien piètre critique, cependant même en prose, j'aime cette histoire bien construite, j'y aurais peut-être ajouté "le vent" afin de faire un triptyque, air,feu et eau, plus symbolique d'autant que la "mort" est présente et vient soutenir l'ensemble. Du bon Jacou,merci.
namathhura
Posté le 18/10/2017 à 11:40:41
Un joli parallèle entre ces deux éléments si différents et ce couple. Le temps d'une rencontre torride sur et sous le toit et enfin la séparation naturelle ou brutale de la mort. (je ne m'attendais pas à cette fin tragique digne d'un roman noir). " Pour qu'un ciel flamboie, Le rouge et le noir ne s'épousent-ils pas?" comme le disait Brel?
eliosir
Posté le 18/10/2017 à 15:26:42
Merci Comte. C'est inspiré du drame de Mayerling, jugez-en, vous qui êtes comte : un archiduc, Rodolphe, héritier du trône d'Autriche, s'est suicidé en 1889 en compagnie de sa maîtresse Marie Vetsera...
jacou
Posté le 18/10/2017 à 15:28:51
Merci beaucoup Iloa Mys pour ton message enthousiaste. J'ai testé là une nouvelle manière d'écriture pour moi, libérée :)
jacou
Posté le 18/10/2017 à 15:33:09
Merci Namathhura pour votre approbation : si, si, vous faites un bon critique, car vous ajoutez à la composition, virtuellement, un élément qui manque, c'est vrai, pour animer l'ensemble. Le vent aurait affronté ainsi la pluie dans un mugissement prolongé, le feu et l'argile, donc la terre des corps, se mourant plus silencieusement... Et les quatre éléments : air, eau, feu, terre, eussent tous été présents dans la composition...
jacou
Posté le 18/10/2017 à 15:37:49
Merci Eliosir pour ton commentaire : la pluie pleure de ne pouvoir entrer s'abriter d'elle-même, le feu se meurt...il me fallait ajouter une progression dans le drame des éléments, et je n'ai rien trouvé de mieux que la mort des humains. En plus, au dernier moment, j'ai repensé au drame de Mayerling, survenu en 1889, impliquant l'archiduc héritier du trône
autrichien et sa maîtresse, un possible suicide voire un meurtre maquillé.
Cela a renforcé ma conviction qu'il fallait que je termine par une mort romantique...
jacou
Posté le 18/10/2017 à 15:41:14
C'est magnifique et j'adore la forme de ce poème. Il est bon de varier les plaisirs, et je vois que tu t'en donnes à coeur joie :) J'avais écrit un poème semblable sur la passion de deux amants qui finissent par se donner la mort, mais malheureusement je ne l'ai plus. En tout cas le tien est bien mieux mené, c'est certain. Un joli tour de magie comme d'habitude, merci Jacou !
grêle
Posté le 18/10/2017 à 15:54:42
Je t'adresse un vif merci, mon amie Grêle, pour tes gentilles lignes :)
Abandonner la rime a libéré un tant soit peu mon imaginaire, de plus c'était la forme adéquate pour me mener où je ne savais pas aller : tout va cesser, dans un drame à la fois immense (celui de la pluie) et silencieux (celui des amants vus par la pluie extérieure au drame), qui est la mort de tout sous le ciel.
jacou
Posté le 18/10/2017 à 16:02:10
Ca te va très bien, cette forme poétique libre, j'espère que tu auras d'autres inspirations de ce genre, j'en redemande :)
grêle
Posté le 18/10/2017 à 16:13:46
L'Homme et la Femme, Eros et Thanatos, l'Eau et le Feu, l'Intérieur et l'Extérieur... Vous mobilisez des couples qui s'enlacent, se font et se défont, jusqu'une fatale issue arrivant soudainement, dont la brutalité impromptue est tempérée par l'évocation de la pluie s'éloignant... Félicitations
Verdon
Posté le 18/10/2017 à 16:25:30
Un grand merci, Verdon, pour votre commentaire qui synthétise parfaitement quelques archétypes majeurs de notre psyché bachelardienne, que nous mettons en œuvre sans y prendre garde lorsque nous décidons d'écrire un texte poétique.
Tout chemine par une progression dialectique, abandonner mes schémas habituels de composition m'a aidé à écrire, au fil du fleuve...
jacou
Posté le 18/10/2017 à 16:28:54
Grêle, cette forme m'a beaucoup plu à moi aussi, je vais donc l'adopter quelques temps pour voir ce que cela donne (moi, sans les rimes, je suis un peu perdu lol : les rimes disciplinent mon imaginaire et ma pensée...), à partir de la fin de la semaine. J'espère ne pas te décevoir avec mes vers libres et tout fous :)
jacou
Posté le 18/10/2017 à 16:30:00
tes changements se voient tous les jours
c'est formidable
la poésie est là pour dire le vrai
qui n'a pas rêvé d'une fin tragique dans les instants de bonheur afin de les perpétuer ?
je l'immortalise en le tuant?
marinette
Posté le 18/10/2017 à 16:39:20
Je te remercie vivement Marinette pour ton message qui me touche !
Tu as bien raison : le drame c'est la vie, c'est vouloir conserver les instants de bonheur qui nous fuient rapidement, et la mort est inscrite déjà dans chacun de nos gestes, il suffirait parfois d'une légère inflexion...
Lire Michel Houellebecq en ce moment m'aide aussi à exprimer certaines facettes plus sombres.
jacou
Posté le 18/10/2017 à 18:32:46
Bon et beau poème !
CRO-MAGNON
Posté le 18/10/2017 à 18:45:12
Merci à toi Cro !
jacou
Posté le 18/10/2017 à 23:03:12
Bien bien...Tu prépares le terrain tin ! tin ! avec cette ambiance tamisée digne d'une soirée olé olé lol où les amants profitent de l'instant présent et s'adonnent à tous les plaisirs sans exception. N'ont-ils pas raison !? On pourrait se demander pourquoi ils se donnent la mort mais là est tout le respect de ne pas faire de rapport car maintenant l'éternel amour s'ouvre à eux deux. Laissons-les tranquillement être heureux aux portes de l'espoir d'une vie au-delà du miroir...Voilà tout...Bravo Jacou ! Un très très beau poème.
suane
Posté le 18/10/2017 à 23:11:43
Merci beaucoup Suane pour tes fines lignes que j'aime suivre dans tous leurs linéaments. Oui, c'est un amour romantique que je dépeins, entre un noble et une roturière, à une époque où ça ne se faisait pas, et où parfois, l'issue était fatale (comme à Mayerling), au 19ème siècle, siècle du romantisme par excellence... Au-delà du miroir, pour ceux qui savent le franchir, il y a l'amour en son éternité. C'est là cela qui compte, l'au delà...
jacou
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