Je m'en voudrais de te priver de mirabelles
Exquise libellule au vol gracieux, léger
Légion d'insectes, rais de soleil, étincelles
Volant dans un temps pur, laissant cendres de jais
Comme un ciel incendié s'irise de couleurs
Dans un couchant qui meurt dans sa rougeâtre esquisse
Je voudrais te dédier le chant de ma douleur
Un bouquet d'ancolies pour prix de ta malice
Mais je ne veux leurrer ta pudeur, tes prunelles
Mes claires intentions ne sont pas démentielles
C'est l'amour apeuré en sa flamme éternelle
Que je veux d'avenir aux astres de mon ciel
Si tu veux, douce aurore, admettre mes serments
Sache que plus tard l'aube accomplira la vie
Vrai trésor d'un enfant naissant simplement
Porté dessus ta robe, et ce bonheur s'envie
Rien ne se dérobe en la nuit, mais la journée
N'en finira jamais d'atteindre un dur périr
Le frais nuage enrobe un mauve suranné
Ce jour mûrissant voit comment vite guérir
Enjambant* le monde du rêve et sa vie nulle
Il attend sous la lune, où le temps bref s'écoule
Au côté du vert pré, berceau des campanules
Un matin accueillant les pigeons qui roucoulent
Il fleurira bientôt, car le jour est un fleuve
Appostant des heures pour nos délassements
Dans les prairies tantôt épuisées, tantôt neuves
Où vont rentrer ses sœurs, moissons qu'on va semant
Sais-tu, notre enfant né sera une rivière
Coulant son joli cours près de coquelicots
Fleurs rouges des années, blessures d'un hier
Et durant son parcours il trouvera échos
Mais les rivières sont lasses, moirant l'azur
De couler par trop lisses parmi les collines
Épousant les blés mûrs, qui déborderont sur
Les arbres complices, noyant nos mousselines
La maison détrempée abritant nos vieux jours
Nous la restaurerons par nos vers immortels
Car poète est en paix dont le poème ajoure
Le reflet d'émotions témoins de notre univers
Nous serons à la fin deux vieillards magnifiques
Entourés d'animaux de toutes les contrées
Enfin nous vivrons des tendresses féériques
Et notre enfant, nos mots, auront tous tes attraits
Et, puisqu'il faut finir, puisque le monde sombre
Dans la nuée des temps morts, bâtissons le tombeau
De la mort pérenne, pour abriter nos ombres
Satisfaisant ainsi notre goût de tout Beau
*"Entends, ma chère, la douce Nuit qui marche" (Baudelaire)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amour
Publié le 25/08/2017
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Une magnifique déclaration d'amour, celui de toute une vie. La fragile libellule se mue en femme éternelle, un univers en soit dans lequel on veut se lover à jamais. | |
eliosir |
très beau jacou | |
marinette |
Merci beaucoup Eliosir pour votre commentaire si sympathique et inspiré. | |
jacou |
Merci vivement Marinette ! | |
jacou |
Superbe invocation à Gaïa, notre mère à tous, sa puissance créatrice qui engendre vie et forme dans un mouvement perpétuel dans un style plus complexe, mallarméen. | |
banniange-deleted |
Merci infiniment Banniange d'avoir trouvé en Gaïa la clef de ce texte où la vie prend des formes diversifiées, avant de se subsumer. | |
jacou |
Comme Marinette tu choisis des mots très subtils et délicats qui me plaisent "mirabelle" "libellule" "étincelle" "jais"... J'aime ces images qui nous happent de leur beauté. Merci Jacou | |
grêle |
Merci grandement Grêle pour ce message très juste : j'ai ici choisi mon lexique préféré, les mots étant des ingrédients avec lesquels nous pouvons réaliser des bons gâteaux. | |
jacou |
C'est toujours aussi Proustien... | |
eric |
Merci Eric pour ton commentaire, mais qu'est-ce que tu entends par "Proustien", s'il-te-plaît ? Je sais que Proust est un romancier, spécialiste de la mémoire si j'ose dire, du temps qu'on retrouve au bout d'une vie vécue, souvent réussie, d'autres fois ratée. Connaissant ta culture certaine, ton goût des lettres, tes interrogations poétiques sur le Temps, je me demande à quoi dans Proust tu fais référence... |
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jacou |
L'art des longues de scriptions et des longs poèmes pour toi. | |
eric |
D'accord, je comprends enfin la référence à Proust. C'est vrai que je fais aussi long que tu sais faire court. Quand je suis sur une lancée, je ne m'arrête plus, c'est l'inspiration qui dicte. En plus je suis bavard, pour les coms ainsi que dans la composition des vers, c'est mon défaut. Alors j'aime faire de longues tartines. Nos poésie sont donc dissemblables, car tu manies à merveille l'art de la brièveté, un peu comme le Pierre Reverdy des premiers poèmes : En ce temps-là le charbon était devenu aussi précieux et rare que des pépites d’or et j’écrivais dans un grenier où la neige, en tombant par les fentes du toit, devenait bleue (Reverdy) |
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jacou |
Ce texte contient tout ce que j'aime, des mirabelles (en bonne Lorraine ;) ) des libellules, des beaux paysages, de l'amour et encore de l'amour.. bref sublime ! merci, tout simplement. |
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Nyx |
Merci à vous Nyx d'apprécier mon texte. Il faut dire déjà qu'en eux-mêmes, libellule et mirabelle sont des mots très poétiques, ainsi que ce qu'ils désignent. Au plaisir de vous lire. |
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jacou |
Une très belle lecture gracieuse (joli titre) que l'on suit du regard pour en admirer tout l'éclat. J'ai aimé la transparence, la légèreté et l'harmonie de ton écrit et ce pouvoir certain d'embellir les choses de la vie, la nature et l'amour. Bravo Jacou, pour ce panorama 360°, tu as su capturer les vers pour nous offrir un poème haute définition, c'est sensationnel ! | |
suane |
Je te remercie, Suane, pour tes mots toujours réconfortants quant à ce que peut vouloir la poésie, le pouvoir qu'elle a d'enchanter notre réalité parfois sombre, de l'éclairer alors d'une lumière qui en dissipe les ombres. C'est pour un lecteur, pour une lectrice telle que toi que j'écris de la poésie, pour ta sensibilité fine et le sentiment ressenti dont tu me fais part. Cela aide dans l'écriture à imprimer la bonne direction. | |
jacou |
L'amour et la nature,tu as réussi une tendre fusion à tout les instants de la vie et quelle belle récompense que les commentaires des poétesses littéralement envoûtées par la forme et le fond du poème. | |
TANGO |
Un grand merci TANGO pour ton commentaire très élégant ! Il y a des poèmes que l'on rate, d'autres passables, et certains en nombre limité que l'on réussit, et alors tout s'enchaîne. | |
jacou |
Oh, je n’étais pas connectée mais j’ai pu mettre un commentaire quand même, mais du coup non signé. Quoique...il y a un gros indice 😝 | |
jorocophael |
Merci ma très chère frangine ! Toi, tu étais connectée en vérité, mais c'est le site qui délire quelquefois et éjecte l'infortuné(e) atteint par la fatigue informatique : oui, même les robots ont des états d'âme, font des burn out rapides... C'est une mésaventure qui arrive également à Aria. Ton superbe commentaire m'a amené à relire ce poème, je crois pouvoir dire que c'est l'un des plus réussis, sans fausse modestie, parce que je l'avais concocté avec l'amour naissant ! Je t'embrasse quatre fois !!!!! | |
jacou |
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