Je verrai bien un jour si ce que j'écris
À égale distance entre la boue et l'or
Vaut les heures que j'y consacre aujourd'hui
Si je n'eus pas mieux fait de chanter une laure

Un ermitage où me retirer de la vie
Ou une femme aimée comme aucune autre alors
Un ermitage, refuge de mes envies
Ou bien celle qui vient aux vents légers d'aurore

Ce sont là extases contraires, à tout prendre...

Au début de notre ère un ermite au désert
Etait le plus heureux, le plus sage des hommes
Ce chrétien pouvait s'enterrer sous une pierre
Ou aller se jucher en haut d'une colonne

Sans qu'on y voit malice, objet de folie douce
Syméon le Stylite a bien vécu vingt ans
Sur sa plate-forme étroite et sa femme rousse
Le nourrissait des yeux plus que par aliments

Ce sont là drôles d'extases à bien comprendre...

La femme aime de tout son cœur et tout son corps
Nul ne peut la vouloir autrement qu'elle n'est
Et aucun poème ne l'a cernée encore
Car toujours en l'homme un doute d'elle lui naît

Alors il reporte en la mystique son doute
(N'est-ce pas Saint Jean qui te murait au couvent ?)
Et pérégrine en l'âme ainsi que dans la soute
Du beau navire féminin qui les flots fend

Ce sont là drôles d'extases à clair entendre...

Pour tout ceci la flamme érotique est plus forte
On bande d'énergie comme on bande autre chose
Ô Pétrarque ton arc chantait ta Laure morte
Et tu gagnas les lieux saints où elle repose

Tandis que morfondus, les moines lors approuvent
Les vents d'hiver qui les font se retirer clos
En braillant des chants forts pour effrayer les louves
Ils taisent leurs sexes et se fouettent le dos...