(Au Gilles de Rais de Georges Bataille)
Une flamme en mon cœur (1)
Une étincelle en silence allume l'âme
L'incendie débusque de leurs rostres les monstres mouvants
Leurs s trognes impossibles, des groins, des mufles, museaux à crocs
De gras escogriffes galopant dans les greniers de têtes
Mais à la cave c'est pire !
Piranhas, tentacules, requins plus marteaux qu'issus de Sargasses
Araignées, rats adeptes des bains sanguins
J'en eu des ongles arrachés
Par un gobelin assis sur ma poitrine (2)
Mon visage grimace à la mort des mythes
Auxquels je suis voué
Ou aux remords des mites ?
Dragons, bouffons, sorciers, stars de mâchicoulis
Vous passez avec les frissons des vents coulis
Je récupère vos reliques sur les échauguettes
Après vos assauts que sentinelles guettent
Dragons de feu ailes déployées rouges vif (3)
Vous vous contorsionnez de douleurs comme ces ifs
Que les vents font trembler en fleurs de candélabres
Souffrantes créations qu'un cauchemar délabre
Trolls, gobelins, kobolds, monstres de forêts vertes
Vous êtes la voie d'une exploration ouverte
Dans l'esprit de l'homme aux muscles d'aciéries mortes
De l'horreur soyez les éprouvantes portes
Soiries des soirées errées en féeries
La vampire a l'empire de mes larmes en série
Cauchemars d'armes charmantes comme
Chevelure où femme fait levure d'un homme
Ma louve-garou crantée des tatouages marquant
Misères de ta vie dont je meurs et jusqu'à quand ?
Dans mon stalag (4) je rêve à vous sans fin
Pour fuir la boue du sol et les punaises
Fantastique est ce domaine aux confins
Où la peine s'étiole avec ses aises
Son air de mijaurée n'est plus de mise
Quand viendra nous dresser l'aboyeur diurne
Je frapperai sa mâchoire démise
Briserai sur lui la nuit de mon urne
Je trancherai sa gorge à coups de griffes
Mordrai sa carotide avec mes crocs
Un bain de sang qui va me mettre à vif
Tremblez bourreaux et victimes d'un monde escroc !
Influences :
(1) film d'Alain Tanner avec Myriam Mézières et récit de perdition
(2) dans un tableau d'époque romantique de Heinrich Füssli, avec cheval et belle endormie
(3) "Le Règne du feu", film post-apocalyptique aux dragons avec Matthew McConaughey et Christian Bale
(4) le stalag est le nom allemand d'un camp de soldats prisonniers des deux guerres mondiales
Gilles de Rais est le premier tueur en série pédophile cannibale, blasphémateur et occultiste, répertorié dans l'Histoire. Il fût aussi maréchal du royaume de France et compagnon d'armes présent à Orléans de Jeanne d'Arc, avant de se retirer sur ses terres de Vendée (Machecoul et les Bauges). Le philosophe Georges Bataille, spécialiste de l'érotisme et de la violence réfléchissant après Freud sur Éros et Thanatos, lui a consacré un ouvrage.
C'est James Joyce qui souhaitait "s'éveiller du cauchemar de l'histoire", j'emprunte sa formule en titre.
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Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amitié
Publié le 29/08/2021
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Un poème bouillant, très bien écrit, fascinant |
Edelphe  |
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Ce poème est une véritable plongée dans un monde fantasmagorique peuplé de créatures assez peu sympathiques, et l'atmosphère angoissante est superbement rendue par la qualité d'expression de ta plume, mon cher Georges. L'emprunt à plusieurs influences et à des époques différentes, en même temps qu'à l'imaginaire, permet un voyage poétique dont on ressort comme d'un cauchemar, effectivement. Au fait, Gilles de Rais n'est-il pas celui qui a inspiré le personnage de Barbe Bleue? Je crains que ma mémoire ne me cause quelque farce à base de confusion dont elle a le secret... En tout cas, j'ai pris un vif plaisir à la lecture de ce poème (tout en écoutant des chants de la liturgie orthodoxe russe, le paradoxe étant finalement assez croquignolet!), et je t'en remercie, mon cher Georges. Avec mon amitié toute vive :) |
| Matriochka |
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Bonsoir, Dieu, quel Personnage !! Conté fort bien par une Plume d'Excellence ! Amitié, LyS .. |
| Lys-Clea |
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Edelphe, Matriochka, Claire, merci à vous qui me commentez. Edelphe, les personnages taillés sur ce type et ce patron unique veulent un traitement très particulier de leur cause qui confine à l'horreur et à l'épouvante, genres idéaux pour les aborder : jamais je n'ai ressenti plus d'horreur qu'en lisant les "oeuvres" commises par Jeffrey Dahmer et relatées par Joyce Carol Oates dans le roman "Zombi", où en regard King et Lovecraft pourraient pâlir car n'étant pas des RÉALISTES et "esthétisant" l'horreur absolue en nous causant des frissons agréables, mine de rien ! J'ai tenté de décaler le sentiment que j'éprouve envers un Gilles de Rais, après les lectures du dossier que monta l'archiviste et philosophe Georges Bataille à son sujet et le récit que fit Joris Karl Huysmans au siècle précédent, lectures réalistes du sociologue Bataille et romancée du symboliste Huysmans. Aussi, j'admire en bon Français que je m'applique à être Jeanne d'Arc, et Gilles fût son très proche compagnon d'armes et officier militaire nommé par son roi pour la reprise d'Orléans contre les Anglais... Le personnage est fascinant, comme Jeffrey Dahmer engendrant plusieurs romans et films, cannibale qui a pu inspirer la création de Hannibal Lecter à Thomas Harris pour son "Silence des agneaux"... Matriochka, oui ! Gilles de Rais, maréchal de France nommé ainsi officier militaire par le roi Charles VII après la libération d'Orléans au Moyen Âge, est également un véritable personnage de conte de fée, puisque il a en effet donné naissance à l'histoire de Barbe Bleue ! Que pouvait-on faire d'autre avec un psychopathe assassin, torturant, violant, arrachant les coeurs d'enfants encore vivants (Jeffrey Dahmer l'imita assez en "lobotomisant" une ou deux victimes toujours vivantes parmi d'autres, en instituant surtout un autel où "consacrer" ses victimes), et cela sur fond de croyance fervente et d'occultisme prononcé ? Excuse-moi pour ces horreurs écrites ici, mais je me confronte à certaines parties de la réalité en tant que passionné par le domaine fantastique... Pour te rejoindre à propos de musique, j'écris parfois tout en écoutant parallèlement de la musique pop et soul et rock, cela est stimulant, et j'ai écrit "Douleur de la beauté" en écoutant Fleetwood Mac et Chicago et Bruce Springsteen et Michael Jackson et Wyclef Jean et Prince pêle-mêle durant de très longues et bonnes minutes où la peinture a fini par s'inviter aussi (afin de trouver un tableau illustratif avec un ruisseau) pour réaliser une "synesthésie", ou perceptions convergentes de plusieurs sens simultanément engendrant d'agréables instants, que j'affectionne à l'occasion et qui maintient mon enthousiasme à vivre opérationnel lol... Avec mon amitié très vive pour toi :) Claire, oui, un fameux personnage que j'ai voulu confronter à d'autres affreux jojos du genre des Allemands devenus des monstres administrés par Hitler au 20ème siècle, dont le devenir guerrier analysé par Hannah Arendt entre autres, tenant à leur géographie et à leur histoire, les poussa à commettre certaines choses innommables, et c'est là que les affreux du passé de par l'histoire mais aussi mon goût du fantastique épouvantable, enfin ma lecture de Hannah Arendt, peuvent converger pour broder en poème des pièces assemblées comme morceaux d'un Frankenstein de pensées horribles qui pourraient me hanter et dont je me purge en écrivant, ce qui est l'utilité majeure de la littérature et du cinéma, selon Aristote qui posa la catharsis comme élément essentiel dans la dramaturgie rendant des passions humaines admissibles, avec notre part de haine comme d'amour toujours en débat sur le sujet de prendre possession de notre âme, la belle comme la damnée. Mon amitié vit des échanges, et je t'en remercie énormément. |
jacou  |