L'anachorète installe au désert sa passion
Il fuit loin des hommes, pour être près de Dieu
Il ne peut être prêtre, et telle est sa mission
Qui se vivra, pudique, sous un ciel de feu
Les êtres du désert nourrissent leur vies calmes
Parmi les oasis parsemant le pays
Le vent agite les palmiers, berce les palmes
Un ermite voit ça, une idée en jaillit
C'est ainsi que s'apprend à vivre sur la colonne
D'un vieux temple égyptien, gisant, de marbre rude
Un nouveau moyen de souffrir, et s'abandonne
A Dieu notre croyant qui n'a rien d'un vieux prude
Car il est nu et se flagelle avec des ronces
Il mange l'insecte et des baies qui poussent là
Il remonte au sommet de son fût, quand s'annonce
Une procession sacrée pour la visite, en bas
Les villageois voisins ont le plus grand respect
Pour ces originaux, hommes de Dieu chétifs
Mais qui ont la victoire au bout d'ongles suspects
Sur le Diable moqueur et les démons très vifs
C'est ainsi qu'un stylite* est nourri par les gens
Honorant sa présence au sommet des colonnes
Ils viennent lui faire la fête et, exigeants
Demandent en retour des prières qu'il donne
Beaucoup plus tard seront fondés des monastères
Les règles des moines assouplies pour la vie
Et la communauté aura travail, salaire
Mais les débuts furent de terribles défis
(*les stylites étaient des anachorètes qui vivaient au sommet de colonnes de temples en ruines, dans les déserts de Syrie et d'Egypte, vers le 7ème siècle)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Spiritualité
Publié le 24/08/2017
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Tu nous fais voyager jacou avec talent, et tu nous nous fais connaître de nouveaux horizons, merci et bravo, encore on ne s'en lasse pas. | |
lefebvre |
Merci beaucoup à toi cher Daniel toujours vigilant et de bon pied matinal ! | |
jacou |
Dans notre société d'abondance et de gaspillage, rappeler les idéaux ascétiques des pères du désert tiens de la gageure, merci de les rappeler à nous! | |
banniange-deleted |
Oui ces gens sont des genres d'idéaux, comme le dit Banniange, bien que certains aillent trop loin en se flagellant ou je pense aux orientaux Saddhus qui se badigeonnent de poudre de cadavres brûlés. N'est-ce pas avoisiner la folie parfois que d'être "mystique" à ce point ? En tout cas ce sont des choix de vie qui nous fascinent... Merci pour ton beau poème Jacou | |
grêle |
Simon le stylite les saddhus ah que ne suis-je assez forte pour vivre cette vie ! merci jacou |
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marinette |
Aimer un dieu et ne pas profiter de la vie qu'il nous a donné sera toujours pour moi un grand mystère. Votre beau texte montre bien la solitude et la folie de ces hommes qui devaient, sous le dur soleil du désert, avoir de nombreuses hallucinations divines que l'on appellerait plus simplement aujourd'hui une insolation. | |
eliosir |
Je te remercie Banniange pour ton commentaire plein de nostalgie pour ces premiers temps du christianisme, à l'époque des grands conciles, parmi des hommes de grande volonté et sainteté ! | |
jacou |
Merci Grêle pour ton commentaire argumenté : il y a en effet une part de folie dans les volontés mystiques de certains adeptes se mortifiant à l'excès, et dans tout projet, du reste, de dépassement de soi et d'oubli en Dieu. Tu as raison de souligner ce point. Mais ces fous là me fascinent tant ! J'ai un livre à leur sujet : "Les hommes ivres de Dieu" de Jacques Lacarrière : l'ivresse de l'âme, tout est là. |
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jacou |
Merci Marinette : nous sommes déjà des stylites de l'instant ! | |
jacou |
Je vous remercie Eliosir pour votre message fin : en effet, nos anachorètes devaient cultiver l'insolation, en outre, la sous-alimentation, les préceptes de vie rigoureux, devaient activer certainement dans leur métabolisme des états seconds caractérisés. Mettre ainsi sa vie en jeu n'est pas la solution. | |
jacou |
Je te félicite, Jacou, pour ce poème profond et entier car il est loin de tout, du monde extérieur. Et en même temps, il est si proche de notre éveil de l'âme...de notre monde intérieur qui abrite nos forces, nos blessures, nos croyances. Il est bon d'y entrer pour le rendre plus beau. Rechercher le silence, vivre dans la solitude, la prière est un choix qui doit être respecté comme ton écrit. Bravo, cher ami. | |
suane |
Merci chère Suane pour ton beau commentaire, qui souligne combien les choix que nous faisons, en l'occurrence ici l'approche mystique, se doivent d'être respectés dans leur diversité même. Ces anachorètes sont les ancêtres des moines contemporains, ils ont montré un exemple extrême, en somme. | |
jacou |
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