Il tintait des notes sur un piano ancien
Chantait a tue-tête des chansons langoureuses
Frappait du pied en rythme avec un air de chien
Qui a la classe en ses allures savoureuses
Il composait des vers comme on fait des adages
Construits pour durer ainsi que les monuments
S'améliorant au fur et à mesure d'âge
C'est-à-dire se débarrassant du clinquant
Il s'effarouchait des forêts des grands domaines
Aimant à s'y perdre jusqu'à la nuit tombée
Pour débusquer chevreuil buvant à la fontaine
Et maints mouvements le laissant bouche bée
Il aimait toutes les femmes de la planète
Toutefois il avait jeté son dévolu
Sur une amie d'enfance et c'était super chouette
Ils s'étaient mariés s'étant de longtemps élus
Il voulait voyager jusqu'aux constellations
Voir si l'homme est vraiment la seule créature
Se demandant si Dieu et la Création
Sont mythe ou vérité dans toute la nature
Il pensait à lui-même en son éternité
Quand le bonheur le croisait de son jet vif d'aile
Mais savait que la mort veille au clair de l'été
Aussi n'avait-il point la moindre peur pour elle
C'est son suicide qui nous a surpris beaucoup
La dépression cachée a de ces tours très brusques
Plus il souriait plus il s'enfonçait pour le coup
En teintant de notes justes son jeu de frasques
Je lui allé pleurer auprès des écureuils
Dans cette allée ombrée où gît son corps défait
L'arbre qui me soutient abrite un chant de deuil
Que riment les oiseaux voyant tout ce qu'on fait
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amitié
Publié le 20/08/2017
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Mon âme pleure à la lecture de ce poème déchirant... Toutes mes condoléances Jacou, c'est un hommage sensible et merveilleux que tu proposes à ton ami... Je l'ai trouvé très beau, en particulier la strophe des constellations. Ton ami devait être quelqu'un de formidable et je suis sincèrement désolée pour lui et ceux qui l'ont connu... | |
grêle |
Il ne faut point pleurer, chère Grêle que je remercie. Je pense que nous avons tous connus de ces étoiles filantes que la mélancolie, un amour malheureux, des affaires trébuchantes, ont précipité dans l'inconnu bien plutôt qu'il n'était prévu. Mais je te remercie d'être si sensible, si compatissante, pleine d'empathie. Puissions-nous par nos vers faire passer les sentiments qui nous submergent parfois, et ainsi délivrer nos âmes de trop lourds bagages. |
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jacou |
C'est magnifique Jacou, votre de scription est parfaite (je me suis reconnu jusqu'au vers 5! malgré le piano). Le sourire est un miroir, il peut vouloir dire "aimez moi", "je vous aime" mais aussi parfois "je ne suis déjà plus là". Les paroles d'une chanson me reviennent à l'oreille: "C'était lui là, souriant sur la photo de classe On dirait qu'il dit: Je passe. " |
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eliosir |
A la lecture de ce poème j'étais très touchée, par cette mélodie au piano, cette conscience de l'univers et ce bonheur de vivre, et la dépression sournoise qui s'y cachait Dans mes favoris également Toutes mes condoléances |
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Zigzag |
Merci Eliosir : peut-être vous avais-je en tête, sacré musicien, jusqu'au cinquième vers lol ! Mais à la vérité, j'avais en tête qu'il se passe de drôle de choses ici-bas, et que rien ne nous protège de nous-mêmes, si nous savons nous protéger, par ailleurs, du monde. Et vous avez bien raison : un sourire n'est jamais qu'une façade possible pour un grand absent qui se veut mutique, signifiant son absence, signifiant "je suis là sans y être, et vous aime tous, mais ne suis pas des vôtres"... |
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jacou |
Merci beaucoup Zigzag de placer ce texte dans vos favoris. Toutes nos passions ne feront jamais que nous n'échappions au sort qu'une mélancolie profonde nous tisse pour destin avorté. J'ai pensé, en écrivant, à la poétesse Sylvia Plath, qui s'est suicidée deux fois si j'ose dire (tentative d'abord ratée, puis "réussite" malgré son mariage), et aussi à un autre poète, Dylan Thomas, qui a choisi l'alcool en excès pour atteindre le néant : "N'entre pas sans violence dans cette bonne nuit", a-t-il écrit dans un poème célèbre... | |
jacou |
Le début m'a fait penser à toi, une peinture de toi, puis la fin je ne pense pas que tu puisses mettre fin à tes jours merveilleux poème Jacou. | |
eric |
Merci pour ton message, cher Eric, qui me touche beaucoup. En effet, tu as une intuition étonnante et tu es fin psychologue. Cet ami en question, ça pourrait être moi, j'avais même pensé au départ à me décrire en un portrait sans ceci dit aboutir au sujet du suicide, juste un portrait de mon vécu que j'aurais intitulé "Un bilan"... Mais tu as deviné entre les lignes, car tu es très fin lecteur toi aussi, qu'il reste dans ce texte assez de moi que je n'ai pas su ou pu gommer pour la version finale. Ce poème est donc un portrait mixte entre cet ami et moi, en vérité. Mais je te rassure si nécessaire, je ne suis pas suicidaire pour un sou, même si mon tempérament est à la mélancolie. |
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jacou |
Jacou que ce poème est touchant plein de tristesse et délicatement écrit. Je pleure avec vous cet ami. Nous ne sommes pas dans la tête des gens bien souvent les personnes rient pour cacher leur détresse. Nous n'y pouvons rien seulement accepter leur geste et penser aux heures heureuses que nous avons passées avec eux | |
roserose |
Quelle célébration, un bonheur ! J'emploie bonheur tout simplement parce que tu viens de rendre un merveilleux et respectueux hommage à cet ami. Oui, certes l'histoire est triste dans les deux dernières strophes mais tu as traversé le tunnel de la tristesse pour nous faire partager la musique et la lumière que dégage ton poème (dans tes six premières strophes). J'ai pensé à la lecture, à un chant Gospel avec de la couleur, de la joie et beaucoup d'amour. Un splendide poème très émouvant et le gazouillis des oiseaux de ton dernier vers est pour moi un hymne à la vie éternelle...Bravo, Jacou, j'ai adoré ! Un peu longue dans mon commentaire...mais l'émotion était intense, je file...Belle nuit à toi. | |
suane |
Merci Roserose pour votre message si sympathique et empathique. Vous avez parfaitement raison, ce sont les heures heureuses qui comptent dans nos vies, pas les moments de déveine que nous souhaiterions inexistants, mais pourtant bien prégnants. Le fait de rire et sourire, comme l'histoire du clown triste, n'atteste pas toujours la joie, parfois ce n'est qu'un masque poli en société. Bonne soirée à vous. |
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jacou |
Tu n'es jamais longue dans tes coms, chère Suane, et/ou assurément même en cette occasion moins longue que moi qui suis un grand bavard devant l'Eternel ! En plus, c'est un réel bonheur de te lire, de recueillir tes impressions de lecture qui sont toujours au top, et me permettent de mieux situer mes poèmes, au sens où Max Jacob disait qu'il faut "situer" un poème. Tu sais, il y un bonheur dans la tristesse - c'est le mélancolique qui parle -, les jours tristes ne sont pas les plus damnables pour moi, alors tu peux employer l'expression de "bonheur" sans te tromper nullement quant au sujet du texte d'hommage que j'ai dédié à cet ami qui partit trop vite et trop tôt, tel un conquistador du néant. Je suis content que tu aies adoré mes modestes lignes d'un essai de célébration de l'absent, c'est donc que j'ai su trouver les mots pour toucher ton âme, comme la mienne fut émue par cette disparition soudaine... Voilà, j'arrête ici mes lignes de texte car je t'ai battu pour la longueur lol ! Ah ! le bavard certifié te souhaite une très belle nuit et un bon début de semaine. |
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jacou |
Notre parcours dans la vie est jonché de cas semblables, d'amis qui passent et qu'on voudrait garder, d'amis unis un temps et qui se séparent et çà nous fait mal alors que ce n'est pas notre histoire et tu en es très conscient dans tes commentaires, heureusement que parfois ce n'est que tu bonheur sans faille. | |
TANGO |
Merci Tango pour ton commentaire ! | |
jacou |
Bonjour jacou, J'ai lu votre poème et combien j'ai apprécié ma lecture! Hormis le grand et honorable hommage que vous avez rendu à votre défunt ami d'une manière hautement artistique, vous avez satisfait un besoin latent et permanent chez moi qui est celui de vouloir sans pouvoir chanter et pleurer une personne chère à mon coeur qui est partie loin et de la même manière! Merci infiniment jacou pour ce magnifique partage! |
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Mririda |
Bonsoir Mririda, Je vous remercie de votre commentaire élégant, je vous adresse également toutes mes condoléances pour la perte de l'être qui vous était cher. Les lignes des destins sont impénétrables... |
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jacou |
C'est un bel hommage et l'avoir écrit permet que cet ami reste encore un peu vivant.. | |
Eleidora |
Eleidora, je vous remercie infiniment, avec grand retard : pardonnez-moi s'il vous plaît. | |
jacou |
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