Sur les rides de l'âge a navigué mon vieux
Son radeau de fortune a conquis le Brésil
L'ancien rideau froissé où j'espérais, envieux
Trouver la conque qu'il aurait ramené d'îles
Mais il a désarmé le monde autour de lui
Vivant de ses charmes sa femme l'affolait
Moi j'étais soupe-au-lait quand il vint une nuit
M'enseigner un art que tous mes désirs frôlaient
Le vieux avait l'aura de ces hommes grisâtres
Avec l'air de ne pas toucher, passe-muraille
Aux foyers d'incendies où s'éteignent les âtres
Ma mère Laura avait son théâtre en rails
C'était à Manaos, au long de l'Amazone
L'oncle Werner tournait un film sur l'opéra
À flanc de montagne un théâtre allait sur zone
Et des soldats guidaient l'action, chassant les rats
Le père Antonin vint tonner de ses sermons
Imaginez un bateau de mille tonneaux
Hissé sur des rails à travers les plus hauts monts
Et vous aurez l'idée de tourments infernaux
La passion de mon jeune âge pour l'impossible
Trouver un bouquet de fleurs sur la cime en neiges...
J'ignorais l'edelweiss mais le ciné fait cible
De bel art lorsqu'un Werner lui fait un cortège
(D'après le film "Fitzcarraldo" de Werner Herzog. Le "père" Antonin est Antonin Artaud, poète et dramaturge qui m'a remué dès l'adolescence. Herzog et Artaud, deux artistes défiant la folie.)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Arts
Publié le 23/07/2017
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J'aime beaucoup cet exercice de style, inspiration par un film. Cela donne envie de le voir, je l'ajoute à ma liste :) Merci du partage | |
grêle |
Excellent film dont tu restitues une part vivante d'atmosphère en ma mémoire, merci Marinette pour ce "café" ! | |
jacou |
Merci beaucoup Grele d'avoir apprécié cet exercice de restitution qui s'est imposé peu à peu dans mon imaginaire. Les films de Werner Herzog sont très puissants, très poétiques aussi, ils nous emmènent loin :) | |
jacou |
Dans la rue avec les gens, on parle de la pluie et du beau temps tout simplement. Toi, tu fais pareil, avec quelques gouttes et un rayon de soleil, tu arrives à nous faire un arc-en-ciel...Bravo, Jacou, pour cette belle inspiration issue d'un film dont je viens de regarder la bande annonce. J'ai eu un petit sourire pour soupe-au-lait ! | |
suane |
Merci vivement princesse Suane pour cet accompagnement délicieux de mes modestes vers bâtis de bric et de broc, de fine pluie et de deux ou trois rais, afin de dresser un théâtre de mes lubies cinématographiques ! | |
jacou |
oui jacou des films on fait des poèmes et l'inverse, de même avec les livres pardonne-moi j'ai omis de te dire que le tien est excellent |
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marinette |
Un grand merci à toi Marinette pour ton second passage ! Sans compter les fims qui sont des adaptations de vies de poètes, comme "Bright Star" de Jane Campion sur John Keats, par exemple. | |
jacou |
jane Campion magnifique j'enlève mon texte |
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marinette |
Pourquoi l'enlever, Marinette ? J'aimais bien tes vers "Bagdad Café", aussi rêveurs que le film... Snif ! Mais je respecte ton choix. | |
jacou |
Bagdad café Je me suis arrêtée la main dans la valise Au café égaré sur la 66 Dans la poussière grise Celle que les camions soulèvent en freinant Dans la chaleur infuse Le refuge des non-existants La dame opulente sur ses petits talons Déesse du dessus Et qui tombe épuisée sur un lit effarant Tandis que mélopée se lève Calling you Et l’homme souriant joue tout seul Bien tranquille Chacun attend Le ciel rouge du soir tombe sur l’inertie J’ai peur Je ne sais plus La dame du chapeau S’installe en son œil clair On crie On pleure On chante On boit Les pylones ancrés en miradors de quoi Le présent se comporte Calling you Je suis dans ce film du réel Je suis la grosse dame Je suis l’enfant qui pleure Je suis le désert en poussière Calling you Je reprends ma valise et la jette Chacun a fait son trou Et guette Je ne me souviens plus Calling you Elle grimpe au pylône Un chien traîne sa queue Les trucks sillonnent Une pluie de poussière éveille les étoiles Et le café respire Calling you Je ne suis que poussière Sur la 66 Et j’aime. Marine 12 juin 2012 |
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marinette |
Bagdad café, sur la route 66, un café sympa et typique, j'ai bien aimé l'ambiance ! | |
CRO-MAGNON |
j'adore ce film avec tout ce qu'il représente voilà je l'ai remis pour jacou merci olivier |
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marinette |
Silence on tourne ...1/1 Action ! Coupez ... La séquence première poème/film est parfaite ...bravo cinéaste Georges ! |
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Yuba |
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