Londres, ville impériale et mère des mystères,
Serrant dans tes rues une foule divaguant,
Affairée au destin de l'ensemble des terres
Et sur toutes les mers tes navires voguant,
Londres, ville impériale et mère des mystères...
Serrant dans tes rues l'humanité solitaire
Qui peuple bureaux et boutiques commerciaux
Au profit d'industriels et de militaires,
Répandus outre-mer dans tous les lieux cruciaux,
Serrant dans tes rues l'humanité solitaire...
Londres, dans ta plénitude du dix-neuvième,
Capitale du monde et cercueil victorien
Que n'ont pas déserté les brodeurs de poèmes,
Rêveurs de fantômes ou le barde arthurien,
Londres, dans ta plénitude du dix-neuvième...
Terre anglaise nourrie de rêverie celtique
Où s'entremêlent en contes elfe, mage et fée,
Ton faste n'a chassé aucune peur antique
Et pour les modernes ta science n'a rien fait,
Terre anglaise nourrie de rêverie celtique...
Où s'entremêlent en récits des faits fantastiques
À des désirs païens et des sermons puritains
Et fait de ton peuple le plus métaphysique,
Se mouvant dans l'étoffe d'un rêve incertain
Où s'entremêlent en récits des faits fantastiques...
Londres qui brasses les hommes comme la bière,
Cruelle aux destinées des esprits tourmentés
Que ta bonne santé crie à la terre entière,
Invitant des troupeaux d'humains à tout tenter,
Londres qui brasse les hommes comme la bière...
Cruelle aux destinées si simplement humaines,
Tu crées dans tes foules bien des ressentiments
Parmi ceux seuls qui se demandent où tu les mènes,
Et vivent dans tes rues leur éternel tourment,
Cruelle aux destinées si simplement humaines...
Londres aux brumes tamisées qu'estimaient les peintres
Pour tes variations de coloris lumineux,
Tu lias la vie, à l'Académie, sous des cintres,
D'artistes qui s'unirent d'un solide noeud,
Londres aux brumes tamisées qu'estimaient les peintres...
Ces novices en beaux-arts, partageant l'inquiétude
Du penseur solitaire, unirent en confrérie
Leur talent commun pour orienter leur étude
Vers des sujets inclinant à la rêverie,
Ces novices en beaux-arts, partageant l'inquiétude
Du penseur solitaire aspirant à l'élite.
Ils se voulaient peintres représentant l'Idée,
S'associant sous le nom de préraphaélites
Et osant recréer les sujets corrodés,
Du penseur solitaire aspirant à l'élite...
Ils se nommaient Hunt et Rossetti et Millais,
Et pour leur art des formes et couleurs plongeant
Rossetti le poète à l'époque des lais,
Cherchaient des maîtres nouveaux bien loin dans le temps,
Ils se nommaient Hunt et Rossetti et Millais...
Et pour leur art, réanimant la Renaissance
À l'ère industrielle, chez les premiers Italiens,
Les précurseurs de Raphaël furent l'essence
Comme ils furent de tout peintre après eux le lien,
Et pour leur art réanimant la Renaissance...
Londres qui abritais ces songeries diaphanes,
Comme Florence la première donna vie
À l'art individuel dans ses fresques profanes,
Villes ruches qui brassez les tortueuses vies,
Londres qui abritais ces songeries diaphanes...
Comme Florence inventant l'éternel amour
Du chant de Dante à Béatrice perdue,
Dante Rossetti perdit sa muse à son tour
Par le suicide de sa Demoiselle élue,
Comme Florence inventant l'éternel amour...
Du chant de Dante serpente la paix divine,
Après un parcours où l'Enfer des suppliciés
Se dessine affreux sous le ton qu'on devine,
Calmé, mais si l'enfer reçoit les suicidés,
Du chant de Dante serpente la paix divine...
Rossetti, mystique, peignit son égérie
Recevant du Saint-Esprit la fleur de pavot :
Irréelle elle est, extatique féerie,
À l'instant où le laudanum la tue sans maux ;
Rossetti, mystique, peignit son égérie...
Recevant du Saint-Esprit peu de certitudes,
La fleur de pavot qui est symbole d'oubli
L'amena lui aussi à chercher la quiétude,
Mais ce fut un échec et il se rétablit,
Recevant du Saint-Esprit peu de certitudes...
Ces peintres londoniens méditaient des symboles,
Pour fuir Londres la grise ou l'acier triomphant,
Ou peut-être eux-mêmes en tableaux de paroles,
Mais surtout pour la vie que tout être défend,
Ces peintres londoniens méditaient des symboles...
Londres, ville impériale et mère des mystères,
Tu es de nos jours déchue de ton ancien rang,
Toujours très affairée de trafics délétères
Et ceux qui souffrent sont moins nombreux en tes flancs,
Londres, ville impériale et mère des mystères.
*peintre préraphaélite (mouvement pictural anglais du 19ème siècle)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Arts
Publié le 15/01/2017
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marinette |
j'espère que tu ne m'en voudras pas c'est une association d'idées pour ton magnifique poème |
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marinette |
Je te remercie Marinette de m'avoir lu, et pour tes vers et pour ton commentaire : que mon texte déclenche en toi des associations d'idées, c'est bien naturel. | |
jacou |
Comme disait Albert LONDRES, tu as porté ta plume dans la plaie ! | |
CRO-MAGNON |
Et ainsi que disait Jack LONDON, la réalité est un système oppressif ("Le Talon de fer"). Merci à toi ! | |
jacou |
Waw ! Elle est magistrale cette écriture ! Je te remercie vraiment Georges de tous les enseignements divers et les découvertes que m'offre à chaque fois ta poésie ...j'ai trouvé récemment chez un bouquiniste "Croc-Blanc " de Jack London que j'ai hâte de commencer ...j'aimerai avoir plus de 24 h dans la journée pour pouvoir lire tout les livres que j'empille à côté de moi à la longue...lol...merci l'Artiste :) |
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Yuba |
Merci infiniment Assia pour ton enthousiasme si vif ! C'est un poème très ancien, car je l'ai écrit en 2000, il fait partie de mes tous premiers poèmes écrits, ceux de l'année 2000, puis il y a eu les poèmes écrits en 2004/2005 (en prose, publiés ici en 2014), puis enfin ma production en temps réel depuis 2016 ici pour Icetea. Trois vagues d'écriture, donc. En vérité, pour écrire ce poème-ci, je me suis inspiré d'un poème de Baudelaire, où le premier et le dernier vers de chaque strophe sont repris en écho. |
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jacou |
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