Tu déploies, pour moi, des feuillages si nouveaux
Chargés de fruits, de créatures et d'insectes
Que je me délivre, en toi, de tous les fardeaux
Et ne me reste qu'à goûter tous tes aspects :

J'aime, en haut des branches, voir surgir le serpent
Qu'au son de ma flûte j'obnubile à présent
Lui contant comment le Douanier, à ses dépens
Le dépeignait, en doyen des âges vivant

Et la mygale, qui court sur mon avant-bras
Est mon amie, mais dont je vibre à l'unisson
Des nombreuses pattes, qui sont des frissons, roi
De mon îlot, de ma forêt, de ma saison

La douceur ne cède jamais à la mousson
Les algues sont une nourriture essentielle
Pour qui respecte la vie, et ses moindres dons
N'est-ce pas, fourmis, qui m'éveillez sous le ciel ?

Nous avons tous de ces rêves incohérents
Qui nous mènent en radeaux sur de drôles d'îles
À la rencontre de nous-mêmes, hors des rangs
Quand le civilisé est assiégé en ville

Aussi, pour s'évader le sommeil est bien beau
Nous poursuivons des soleils aux forêts radieuses
Mais le réveil est comme un torturant seau d'eau
Jeté à la figure aux pensées bienheureuses !