Et tu dis aller vers...
Tu offres jardin de roses
Combats l'hiver morose
Avec des mots et des vers
C'est tout un univers
Sur quoi le ciel se pose
Et rien ne marque une pause
Le jardin nourrit bien les vers
Ce temps d'ici nous est sévère
Pour lui la rose n'est que chose
De personne à défleurir et cause
De bien des énigmes qu'on révère
La mort nous la buvons au verre
Sans la soif mais avec chlorose
Au verre qui tinte tel la prose
Dont le vers n'est que l'avers
Paul Celan a ouvragé des vers
Relis donc ce qu'il dépose
Maintenant qu'il repose
Sous les jardins si verts
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Poésie
Publié le 08/05/2016
|
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire
ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
Poème Précédent | Poème Suivant |
Poésie à découvrir... | Poèmes de jacou au hasard |
Commentaires
Annonces Google |
Posté le 08/05/2016 à 10:51:29
Pour comprendre (mieux) le poème, il m'a fallu aller voir qui était Celan que je ne connaissais pas (et pour cause: il a eu tant d'identités). Merci à vous et merci internet. Ce que je viens de lire (de lui comme de vous) est bien sombre. Il faut se sortir de son passé, c'est sûr par l'écriture mais pas en se jetant dans la Seine...même si c'est du pont Mirabeau ! | |
Moi80 |
Posté le 08/05/2016 à 12:03:22
"Écrire un poème après Auschwitz est barbare" a écrit Celan dont la destinée fut des plus tragiques, reste une oeuvre très exigeante tant sur la forme que le fond et la traduction n'est pas une mince affaire, j'avais tenté de le lire mais devant tant de difficultés j'y ai renoncé. Voici un de ses poèmes les plus célèbres : Fugues de mort Lait noir du petit jour nous le buvons le soir nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit nous buvons et buvons nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle pour appeler ses chiens il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir nous buvons et buvons Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise Il crie creusez plus profond la terre vous les uns et les autres chantez et jouez il saisit le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus creusez plus profond les bêches vous les uns et les autres jouez encore qu’on y danse Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir nous buvons et buvons un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete tes cheveux de cendre Sulamith il joue avec les serpents Il crie jouez la mort plus doucement la mort est un maître d’Allemagne il crie plus sombre les accents des violons et vous montez comme fumée dans les airs et vous avez une tombe dans les nuages on y couche à son aise Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit nous te buvons midi la mort est un maître d’Allemagne nous te buvons soir et matin nous buvons et buvons la mort est un maître d’Allemagne ses yeux sont bleus il te touche avec une balle de plomb il te touche avec précision un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete il lâche ses chiens sur nous et nous offre une tombe dans les airs il joue avec les serpents il rêve la mort est un maître d’Allemagne tes cheveux d’or Margarete tes cheveux de cendre Sulamith |
|
banniange-deleted |
Posté le 08/05/2016 à 12:20:01
@ Moi80 : sous le pont Mirabeau coule la Seine, qui emporte avec elle les poètes qui ont trop souffert d'un siècle disgracieux à l'excès. En ce jour commémoratif de la fin d'une guerre, il me semblait utile de publier un poème dédié à un poète qui en a accusé le passage dans sa poétique même. Et ce grand poète qu'est Paul Celan, témoin capital, nous a rassuré en même temps par son oeuvre : la poésie peut tout, le travail du deuil comme la scintillation de l'absence dans le jour présent. |
|
jacou |
Posté le 08/05/2016 à 12:30:27
@ banniange : un très grand merci à vous de me rappeler ce poème célèbre de Celan ! Il se trouve qu'il ne figure pas dans les 3 recueils de lui que je viens de relire (qui ne sont pas de la collection des nrf/Gallimard), et vous me l'offrez ! Oui, Paul Celan est un passant considérable dans le siècle dernier où il a affronté tout ce que le pire en l'Homme pouvait lui infliger, et pourtant n'a pas capitulé dans son exigence de témoigner contre la barbarie avec des moyens considérables, car la poésie demeure au-delà de la mort. La meilleure traduction en français de ses recueils est celle de Martine Broda, poétesse elle-même (comme sont souvent les traducteurs du reste). |
|
jacou |
Posté le 08/05/2016 à 13:30:00
Le poème de banniange est celui que j'ai lu ce matin sur internet. J'ai longtemps refusé toute littérature, tout récit de cette sale époque et puis il a fallu pour le travail. | |
Moi80 |
Posté le 08/05/2016 à 14:16:59
Je vous comprends. J'ai moi-même été choqué à l'adolescence par ce que j'ai appris de cette époque, "sale" comme vous dites, et j'ai fait longuement un blocage sur ladite époque. Puis le retour du réel s'est peu à peu imposé, car je suis passionné par l'histoire, et celle de la seconde guerre comme de la première est incontournable, pour nous qui voulons vivre d'avenir. Mais quel est votre travail, si je puis me permettre cette curiosité ? Seriez-vous enseignante ? |
|
jacou |
Posté le 08/05/2016 à 20:50:55
Je suis également allée voir sur internet car votre poème m'a interpelé. Je ne connaissais pas ce poète. Merci de nous faire profiter de tout votre savoir | |
roserose |
Posté le 08/05/2016 à 21:09:04
Merci à vous roserose de m'avoir lu ! Mais plus encore, d'avoir lu ce poème de Paul Celan ! Je suis content de vous avoir fait découvrir ce très grand poète, à vous et à Moi80. |
|
jacou |
Posté le 06/08/2019 à 11:53:58
Waw ! il est croustillant ce poème ! Avec sa forme en petit pain généreusement garni de salade ver-te ! ( je n'ai pas lu les coms précédents ; envie de rester sur mon impression ) Merci Georges ! |
|
Yuba |
Posté le 06/08/2019 à 16:02:47
Et bien tu as raison mon amie ! Souvent la première impression est la bonne ! Merci pour ton com de 1ère impression. | |
jacou |
Commentaires
Annonces Google |