J'ai vu le ciel tout le jour planer en suspens,
Bas et gris, annonçant la pluie et la tempête
Dans la solitude où par oubli on se pend,
Et j'ai nonchalamment tant voulu d'une fête,
Par défi de faire au sort commun la pirouette,
À vous rendre faraud si l'on entrait soudain
En condamné à mort faisant des galipettes,
Et voyant ainsi, sot, soi plus seul que plus d'un !
J'ai pris sous l'averse les chemins de taverne
- N'ayons pas ces demeures dernières pour glas - ;
J'ai roulé, un radeau à la mer que l'eau cerne,
La froidure de l'air rendant cette eau verglas.
Naguère encore errants à l'orée des forêts
Sacrées écrasées d'ans qu'adoraient les païens,
Les premiers chrétiens n'osaient croire et s'éploraient...
Moi, j'allais au café boire mais sans moyens.
Qu'importe ! et comme au bon soleil fort l'oeil qu'on plisse,
Pour que versent les vins et coulent les alcools,
Je saurais me trop montrant berner des complices
Et bercer ceux-ci de mes chansons un peu folles :
"Paris les feux follets de tes nuits lumineuses
Se faufilent aux volets, clairs appels des nuiteuses,
Tournent autour de la Seine où du pont Mirabeau,
Je rêve à tant de scènes en sautant dans son eau."
"Comme je descendais des vins qui délivrent,
Je ne me sentis plus roulé par mes hâbleurs :
Des joues-rouges saoûlards les avaient vu pour ivres,
Les dépouillant nus en les traitant de doubleurs."
J'étais bourré de mots, mais de boissons bernique !
Décidant de voir ailleurs si j'étais encore,
Mes propos enivrés en diarrhée, en colique,
Je sortis bavard et naviguant de mon corps.
La cascade de perles déferlant au sol,
Mon ultime pluie me trouvait extravagant,
Et j'allais m'échouer comme un lichen près des yoles
Devant des boutiques tel un vague passant.
Visant un mannequin, c'était moi dans une heure ;
La viande du boucher, c'était moi à la morgue ;
Même la crèmerie, c'était ma graisse en beurre.
La sono jouait un Te Deum aux grandes orgues.
Cela me tourna quelque part et j'en vomis,
Morcelant ma nature en flot de neige mauve
Par terre, et débarrassé de moi à-demi,
À l'hôtel j'rentrais dans ma cage tel le fauve.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Drole
Publié le 14/05/2015
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J'aime ces images d'un autre âge....! | |
celtique |
j'ai eu un froid dans le dos en vous lisant poète.mais je reste impressionné par la puissance qui se dégage de ce texte. | |
pat |
Merci à tous deux pour vos lectures et commentaires ! | |
jacou |