Mallarméenne larme coulée en brume évanescente du symbolisme...
et lorsque le rideau s'est levé le poète apollinien*
au cou coupé dans la tranchée artère du front d'une guerre agonise.
De petits hommes ont grandi à l'ombre des grands,
les yeux cernés dans les hôtels
par tout ce que le devoir leur commandait de voir.
Jusqu'à vomir sur le visage du dormeur du val
et noyer la Lorelei d'un trop beau Rhin.
Mais sans haine et avec Rimbaud.
L'avenir est un meurtre lent ;
les braves, les plus vaches* en rigolent
et mangent un revolver avant d'avoir les cheveux blancs.
Lui, dans la chambre acoustique d'un crâne
acclimate sa menaçante rythmique,
celle qui s'en revient par insouciance susurrer des mots sans le sens.
Quand la vitesse le dépasse, il freine le refrain :
jaillira de là une joaillerie innée de la formule,
une cuisine à la Ducasse* de la métaphore ultime
où reverdira* le grand maître de l'alchimie du verbe
(mais qui s'y dore au soleil s'y cuit).
Le navrant avenir, ce navire entravé tangue,
qu'un gant de femme soufflette d'un vent salubre
dispersant Comte, Kant et autres têtes, et même Hegel.
Rien n'est écrit que ce qui sera écrit,
sauf deux ou trois ancêtres en cent-sept ans au secret de l'esprit.
L'art agonisant*,
le grain d'aile* des volailles à plumer,
les soupe-au-lait* qu'on dévergondera,
les parapets pas réparés où l'"autre" avait naufragé,
les noces des aïeux,
l'église du Crève-le-Coeur à la Commune,
les champs de roses,
tout ce qui sent le ranci avant de consentir à Drancy est balayé.
Et l'on instaure les nouveaux noms d'une poésie et d'un art à naître.
À partir de ce qui se termine,
l'entrée des artistes peut être belle.
"Il n'y a pas de paradis", disait André Frénaud,
mais l'épars des yeux irisés de merveilles
et leurs lueurs étoilant le ciel dans le siècle.
(* poètes cités dans l'ordre d'apparition : Apollinaire, Jacques Vaché, Lautréamont, Pierre Reverdy, Louis Aragon, Paul Eluard, Philippe Soupault)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amitié
Publié le 10/06/2014
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Amitié à découvrir... | Poèmes de jacou au hasard |
Annonces Google |
Ce poème richissime et "foisonnant" nécessite poiur moi une seconde lecture j'y reviens ce soir |
|
flipote |
un jardin fleuri, où fusent les merveilleuses senteurs des lettres et auteurs, merci et mille bravo très cher ami jacou, pour ce que tu écris et pour ceux que tu décris en des mots bien choisis, bien soignés... bien à toi mon très cher ami zeste |
|
zeste |
Merci beaucoup à vous deux, très chers flipote et zeste, pour vos lectures attentives et vos aimables commentaires. Cordialement. |
|
jacou |
Attention Flipote l'avenir est un meurtre lent et l'art agonisant Tu revins cuite avec une orange bleue sur le foie |
|
James Px |
Du grand art! Je m'incline face à votre talent cher poète! amitiés CRIS | |
CRIS |
Très bon Jacou. Merci pour ce joli moment. |
|
Syntax_Error |
je vais ller , dès demain à la recherche de Jacques Vaché que j'ignore encore à mon âge!! purée de nous autrescomme disent mes copines "pieds noirs" | |
flipote |
Merci beaucoup à vous tous, chers poètes, pour vos commentaires amicaux. :-) Cordialement. |
|
jacou |
@ toi, ma très chère flipote : attention, Jacques Vaché n'a rien écrit ! Il s'est tué trop tôt, sans laisser de traces si ce n'est dans l'esprit de son ami André Breton, chef de file des surréalistes qui lui doit beaucoup dans sa vision poétique de l'existence. Cordialement. |
|
jacou |
Merci très cher jacou pour ce superbe hommage au surréalisme, dont l'esprit transparait dans chacun de vos vers. Je trouve les sonorités particulièrement travaillée, donnant à ce poème une identité singulière provenant d'une myriade de jolies trouvailles. Une synergie du sens et du son qui transcende les mots pour aller vers un ressenti pur. Du grand art ! Bien à vous. Florent |
|
Florent |
Merci beaucoup, très cher Florent, pour votre commentaire amical ! La poésie surréaliste, j'y puise une partie de mon inspiration, en "lâchant" le contrôle de l'expression aussi régulièrement que je le peux. Je devais bien un hommage à ces défricheurs. Cordialement. |
|
jacou |
Annonces Google |