Antonin Artaud est taraudé par un système de nerfs déréglé,
mais, convenant taire ces heures
en quelque asile que la terre ait porté à sa connaissance,
pour, se détournant d'elles,
aller d'une aile froissée se perdre par air et mer,
il engloutit un océan de morphine et d'opium
(les modernes neurotropes ne sont pas à portée).
Tropique du cancer,
il est né sous la maladie dont les signes isolent un ciel mental
se réverbérant dans un entrelacs de stupeur,
toutes plus figeantes à mesure qu'elles développent un réseau neuronal
dont l'instance de divorce d'avec la vie
perce sous l'épileptique comédie humaine,
et d'affligeantes poses par les trajets du corps ;
et, sur la rocade des mots où circulait autrefois une langue agile,
faisant paraître le pantin mystique,
ou bien la marionnette de soi-même que nul n'agit plus
hormis les fils de ses nerfs branchés à des amplitudes majeures,
à d'élégants voltages étranges
où le vertige est l'ange en allégresse
volant à la foudre les onomatopées d'un tronc déraciné,
lui, planté comme il peut,
verdira aux bouts tremblants de ses membres
des feuilles de fines lignes,
soi-disant signées par ses filles imaginaires,
mais certainement saignées de lui
comme les pluies dont on arrose les feuilles mortes
au râteau de la mort tirées.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amitié
Publié le 07/06/2014
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savoureuse écriture, très cher ami jacou, je découvre avec toi ces grands visages de la littérature française tout en vivant leurs maux sous leurs mots, te lire c'est apprendre de très belles choses mon très cher ami... bien à toi mon ami zeste |
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zeste |
Merci très cher jacou pour ce superbe poème où transparaît toute la force de la douleur qui hantait ce grand artiste, ainsi que sa descente dans l'abîme de la folie. Cette fois encore, vos vers libres produisent un rythme cassé mais mélodieux à leur façon. Ils me font penser aux les litanies de Jehan Alain, qui paraissent affreusement dissonantes lorsque l'on essaie d'y entendre une mélodie au sens classique, mais révèlent leur beauté à qui leur ouvre son c?ur. Je dirais que l'analogie musicale va assez loin : comme certains compositeurs contemporains, vous délaissez la notion classique de musicalité pour revenir à quelque chose de plus fondamental, un ensemble de sons produisant une certaine ambiance qui souligne le sens de chaque mot. Bien à vous. Florent |
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Florent |
Merci beaucoup, très cher ami zeste, pour ton commentaire qui souligne bien combien les "maux sous les mots", comme tu le dis si bien, restent à dire, terrain que j'ai entrepris d'explorer avec les destins de Hölderlin, de Rousseau, d'Artaud, de Van Gogh, qui tous furent des inadaptés dans leur siècle. Cordialement. |
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jacou |
Je vous remercie, très cher Florent, pour votre commentaire : oui, je scrute les dissonances, ma poésie atypique se fait de l'exploration d'un terrain où l'on avance à pas scabreux, peut-être cela la rend-elle difficile à déchiffrer et vous m'en excuserez. Mais je suis rassuré de voir que vous la lisez sans trop d'anicroches. Cordialement. |
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jacou |
Vraiment bien belle écriture ! Qui mérite d'être connue ! | |
Moi80 |
Merci beaucoup, Moi80, pour votre commentaire ! Cordialement. |
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jacou |
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