En solitaire,
Dans mon nid perché,
J'attends que le temps passe,
Que la vie se tue,
Que l'ombre grandisse
A n'en plus finir,
Pour absorber enfin
Le peu de lumière qui m'anime.
Solidaire, la flamme s'éteint,
La nuit enveloppe ma ville
Qui sans défenses se soumet
A la volonté d'autrui.
A l'aube venue,
Sans aucune rancune,
Elle soigne ses blessures
Secrètes et meurtrières.
Une mère pleure,
Une autre est heureuse
De revoir son fils en vie,
Timidement exquise un sourire
Pour ne pas blesser celle qui
L'a revu en paix.
Franchir le cap de la nuit
N'est pas chose facile
Dans cette ville factice
Où la mort, salaire de la peur,
Est monopole sans concurrence
Dans cet univers caduque,
Sans esprit rebelle, tombé à l'automne
Comme les feuilles des arbres,
Car les nuits sont plus longues,
Plus froides,
Et le sang plus chaud, plus grand, plus beau,
Il dégouline des babines,
Des draculas, ou autres vampires
Qui guettent dans la rue
Leurs futures proies, faciles,
Tendant leurs cous, dociles,
Pour se faire planter,
Et se faire vider, horrible,
Pendant que la musique hurle en bas,
Pour nous attirer, tenter,
Descendre dans l'abîme, danser,
Gesticuler, transcender, contorsionner, souffrir, ralentir,
Stopper ... tout à coup,
Pleurer ... à genou,
Mourir ... ventre à terre.
Alors la course folle s'arrête,
Le corps va pourrir,
L'âme de nouveau s'épanouir,
Revivre en harmonie
Mais en solitaire aussi.