Ebranlé un peu comme un magicien,
En face d'une formule secrète,
Qui changerait en princesses ses achillées.
Mille merveilles avais- je murmuré,
Là où les délices botaniques d'éden,
Eussent fait de moi une lumière tropicale,
Envoûtée de lilas aisément empourprés,
D'une paire de lèvres en étreinte illicite,
Avec un cœur obsédé de pervenches.
Ému, puis secoué sur l'instant,
Par leurs sépales méandres elliptiques,
J'ignorais qu'une bouture de fils marcottés,
Ait damnée mon regard de ses lueurs exotiques.
Effleuré d'ivresse pareillement au primevère sauvage,
Sustentant des fragments de prouesses ondulantes,
Ma silhouette vacilla comme un étendard blanc,
Puis, libéra dès lors un miel toxique,
Coulant à flot, sur le sol stoïque de l'Andalouse.
Proche de l'empire des dames abeilles,
Je fus Azalée tétant l'ombre doré des palmiers,
Bijou des océans où les sirènes me nommèrent Pacha,
Veine à l'ossature en soie où le parfume des mimosas
Coulait jusqu'aux oasis, étais- je devenu enfin,
Pour délivrer l'œil borne de son obscurité rituelle.
Puis, me voilà œillet des poètes au pays de l'Inde,
Vêtu d'une dentelle dorée, près des violettes endormies.
Entre mille et une nuit, seule une nuit vint à moi.
Quant même des psaumes me louèrent d'une épitaphe
Garnie de bouquets, d'hymnes, puis de baisers,
Entourés d'un corps portant ses accolades.
Embrassé discrètement sous ma robe de feuillage,
Pour ces souffleurs de vers, tamiseurs de refrains,
A tout jamais, ma virginité parfumera rameaux et tigelles.
Séduisante orchidée grimpant son lupin devais- je être,
Au bord d'une île où la volupté d'onctions fanées
Déniaisait de longs roseaux perforés de notes,
Pareille au saint brouillard de l'éther.
Quelque temps avant d'être fleur des fleurs,
J'allai donc de jardin en jardin,
Parfumai clématites et muguets,
Puis les autres roses, qui restèrent hébétées,
Ignorant qu'elles allaient s'éteindre de jalousie.
Ainsi, ce jour là, au front de mon visage radieux,
Se sont fanées les fleurs de tous les jardins,
De même qu'au tréfonds de mes yeux,
Les étoiles célestes se sont éteintes.