Amourêves
Comme la nuit descend sur la chambre, frais peignoir,
Et que l'ombre s'éprend de mes tardives scènes,
Dénuant, de l'intime caresse, l'âme au soir
Etendue, un virginal frisson m'emmène.
Floues créatures… Nous croiserons-nous de nouveau
Aux chemins de vives visions ? Le monde dort ;
Rejoignons l'alcôve secrète. Les draps ont tort !
Vous le savez. Là-bas, rien ne borde la peau.
Le lit approche de vos contrées insurgées ;
Un souffle, lent, engouffre la dernière pensée :
J'abandonne au couché l'homme au monde obligé,
Et, me tortillant dans l'ombre, mue pour l'odyssée.
Adieu pieux linceul de raison, l'être a glissé…
Noirosynthèse intense ! Une âme dénudée
Aux songes attirée arpente la nuée,
N'emportant qu'une toile de paupières closes,
Ultime vêtement d'un rêveur virtuose.
Sanctuaires d'essences ! L'étrange idée s'élance
Au panthéon des sens sûre de ses créances.
Qu'une figure avance et un cortège danse
La route d'inconscience, féérie de l'errance.
La palpable rencontre au ballet de décors
Douteux. Vos visages ! Trouble alchimie de traits si
Fins assemblés sur d'inédits corps. Vous ici,
Par ces sentiers crépusculaires ? C'est notre aurore !
Ecoulement de vagues phrases. Filles d'extase !
Les lèvres pleines de ruisseaux aux épanchements
Intimistes. De frais baisers… Au bord du sein-vase
Où frétille l'écume de vos agréments
Vous invitez aux sources d'un remous zélé,
Eclaboussant d'attraits le rêveur bercé ; et
Nous mouillons tout de l'hédonisme triomphal :
Nos peaux diffuses se déversent – l'une élixir,
L'autre lyre – et roulent des galipettes folles
Au creux d'incertains lits ; l'amour flotte d'un rire.
Hein ?... Des lumières ? Non ! Pourquoi rayon matinal
De clos yeux univers – ô traitresses nuptiales –
Percer le rideau noir et dissiper le bal ?
Seules vaines bribes de vision ne détalent…
En route : le jour extirpe le corps du sommeil,
L'astre lève son ciel et lui réclame éveil ;
Il est temps d'arpenter les plaines extérieures…
Mais nulle inquiétude, sœurs de nuitée, cet ailleurs
Sait la ronde et se plait en retraites fécondes.
Et maintes fois, promis, amantes vagabondes,
Nous aurons ce jardin aux herbes léthargiques
Où, nulle part sous mon front, nous foulerons des
Rêves, nous abreuvant aux buissonnières ondées
Des nuits d'amour lovées aux landes oniriques.
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voluptueux intelligent! très beau travail poétique! | |
Abdel |