Elle est l'instant où se transforme le sang
Calme froideur devient immense bouillonnant
Elle est les nerfs, les poils dressés
La rage qui monte aux palais des pupilles
Je l'aime sans la supporter bien longtemps
Fais-moi l'amour quelques minutes puis va-t'en.

Elle est des quartiers qui n'ont que les restes pour manger
Elle est d'un calme d'une dureté immense pour ceux qui dorment aux reflets de la lune
Elle sera là, à jamais, pour le malade qui apprend
Qu'il n'y a plus de médicament contre le mal qui l'atteint.

Elle est des poings serrés lorsque se montre l'impuissance
Quand la voix crie, puis tremble essoufflée dans l'absence
Je l'aime cette force venant des ténèbres
Fais-moi l'amour quelques instants puis va-t'en.

Elle est des drapeaux pour brandir révolution
Elle est des pierres jetées dans la mer, un jour déraison
Elle est cette enfant qui grandit, puis disparaît comme une erreur
Un destin tragique. Et la mère impuissante, qui crie aux éternels
« Lâche, rends-le-moi ! Pourquoi lui avoir donné des ailes ?

Elle est de celles que l'on ne veut pas, mais qui nous mange soudainement sans que l'on ne puisse rien faire. Nous attrape, nous change, puis nous fait tout regretter. Lorsque le volcan s'éteint, que l'on regarde ce que la lave a porté : des cassures, des blessures, des césures sur des cœurs innocents.

Mais qu'elle est bonne lorsque la rage se marie avec courage, le tremblement avec montagne, le big-bang avec la vie.

Moi je l'aime sans la supporter bien longtemps
Fais-moi l'amour quelques minutes puis va-t'en.