Il m'a juste parlé d'amour entre ses bras de marin, tatoués d'une encre noire. Il m'a juste parlé d'amour une fois, un beau matin de brume au port de la ville. J'ai vu j'ai bu tous ses mots comme un phare. Et depuis me voilà aux abords de la mer, assise à dépenser le temps sur ce sable brûlant.

Il a juste parlé de ma vie, de ma vie avec lui.
Puis il est parti en marin que la mer réclame. Moi je reste là, en sirène éperdue sur le sable mouvant qui s'enfonce, vague après vague.

Il m'a jeté un sort sans le vouloir, avec ses mots. C'était une formule d'un vieux grimoire écrit par magie par des plumes d'amoureux venant se déposer page après page dans ce grimoire, comme des baisers volés se murmurant sur la première page, puis la seconde… Jusqu'à ce que le baiser soit épuisé de s'écrire.

Chaque vague qui s'écrase à mes pieds ne le ramène pas. Pourtant j'en vois des milliers, dès l'aurore jusqu'au crépuscule. Pas non plus de bateau à l'horizon, aucun mat drapé de son nom. J'ai beau déraisonner ce qu'il m'a dit, le souvenir de son souffle emprisonne à mon corps la passion.

Une barque délabrée se joint à moi, ressemblant plus à quelques bouts de bois ficelés qu'à un navire fait pour surmonter la mer. Trop tard, je résonne quelques-uns de ses mots, et je pense que c'est lui qui me l'a envoyée.

Je décide alors sans raison à m'enfuir le rejoindre. À genoux au-devant de la barque molle, j'attendrai des vagues un chemin vers ses mots.