-Madame, que faîtes-vous dans cette fâcheuse position?
-Ne m'en parlez point, ma fierté est à plat. Depuis que l'odeur du printemps est apparue à mes narines, l'envie m'est venue d'étendre mes jolies robes sur cette corde de fortune. En m'étirant de tout mon long, j'ai entendu un craquement, maintenant, mon dos ne répond plus.
-Appuyez-vous sur moi, chère dame. Je vous sortirai de cette indésirable condition.
-Ma douleur est trop vive, pour faire quelques efforts que ce soit, il me faudrait un ange, pour me soulever avec grâce.
-Vous auriez dû, madame, laisser corvée de lessive à une jeune demoiselle.
-Je l'avoue, j'ai fait du zèle, en ignorant ces cheveux blancs naissants qui orne ma chevelure. Ah! Je l'aurais récompensé comme il se doit, cette demoiselle, oui, d'un sourire et d'un torchon. Je vous prie, monsieur, allez me chercher l'apothicaire et un artiste de cirque. Avec la souplesse de ce dernier, il saura me déplier sans que mes cris alertent les alentours. L'apothicaire, par ses bonnes herbes, saura me remettre sur pied,le temps de le remercier.
-Mais, madame, la noirceur arrive à grands pas. Je ne saurai trouver chemin à pied et sans lanterne. Laissez-moi donc vous aider, vous vous en porterez mieux.
- Aie! Arrêtez-vous de suite! J'ai l'impression que mes vertèbres ont cédé. Je les sens vibrer comme touches de xylophones. J'ai perdu tout maintient et toute resistance.
-Entendez-vous ces jappements, madame? À votre place, j'aurais quelques sueurs froides. Imaginez que vos os disloqués atterrissent sur le sol, les chiens, attirés, par leur fraîche odeur, sortiraient vite fait pour les dévorer d'un coup de dent.
- Quelle horreur ce serait! Vous me faîtes peur! Restez avec moi, sinon, toute la nuit, je cauchemarderai, sans pause, aucune.
-Madame, voilà des heures que je m'évertue à vous offrir aide et réconfort, que vous rejetai du revers de la main, au profit de plus qualifié à vos yeux. Alors, de ce pas, je vous quitte, pour ne plus entendre votre déraison. Peut-être au lever du soleil, j'irai voir l'homme à tout faire, pour rendre compte de l'état de votre corde à linge, en mauvaise posture je l'avoue.
Écrit par fee-de-ble
la beauté est là où on s'y attend le moins
Catégorie : Divers
Publié le 06/09/2018
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"Elles triaient lavaient étendaient repassaient parfumaient pliaient rangeaient et quand c'était fini, recommençaient." (Extrait du film les lessiveuses de Yamina Zoutat) Texte très bien imagé, et c'est très original comme façon de rendre hommage aux travailleuses de la propreté. Amitiés :) |
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