J'ai lu le passé consulter les livres,
Vacillant comme un homme ivre,
Moi dont on dit que l'histoire est un crime,
Dont on dit que les aïeux furent des bourreaux,
Moi qu'on juge à la couleur de ma peau,
Moi dont les trésors les richesses, dit-on,
Furent pillées partout de par le monde,
Moi dont les péres soi-disant
n'auraient jamais su rien contruire
Ni batir
Moi
J'ai écouté les océans mourir de la mer ,
J'ai regardé le visage de mon père,
J'ai senti mourir mon cœur…
J'ai vu le ciel s'effondrer dans la rumeur…
Au loin j'entends les pleurs
Qui disent que mon peuple
Mis des peuples entiers en esclavage.
Mais moi je pensai que les enfants
De ces esclaves étaient mes frères ,
Que nous avions le même sang les mêmes rêves,
Je clamais
Que notre liberté était notre maison,
Notre mémoire notre horizon…
Aujourd'hui
Pourquoi devrais je demander pardon
A ceux-là qui s'appellent frères entre eux
Parce qu'ils ont la même couleur de peau,
Partagions nous donc si peu
Quand ce furent leurs pères qui vendirent
Leurs propres frères à mes pères ?
Et
Pourquoi devrais je avoir honte
D'un crime qui ne fut pas le mien,
Quand eux veulent seulement s'absoudre
D'une horreur qui ne sera jamais la leur,
En me jetant à la figure un sang obscur,
Une stupeur d'homme noyé
D'oiseau fracassé sur un mur ?
J'ai posé ma tête sur la terre,
Le souffle coupé et les poings serrés
Pour les fantômes aux regards crevés,
J'entends ceux qui veulent se venger,
Qui blessent mes enfants aux regards fêlés,
Qui crachent sur mon histoire
Dans le tourbillon amer des vertiges…
Je n'oublie pas que mon sang
Porte celui des Jacques ,
Des Pastoureaux et de tous les servages ;
C'est mon sang qui a coulé
Quand on fusillait ceux de la commune,
Ceux du Vercors et des Glières.
Devrais je pleurer toutes les mémoires ,
Quand l'oubli et le pardon sont ma prière ?
Quand je condamne l'ombre à la lumière
Mon devoir ce n'est pas la mémoire
De la guerre et de l'horreur ,
Mon devoir c'est la quête du bonheur !
Et déjà j'entends tous les chiens complices,
Geignant et bavant leur police,
Me condamnant à toutes leurs cérémonies
De repentance et de supplices.
Ces tricheurs d'Histoire m'indiquent
Quand je devrais me souvenir et me flageller
Pour des guerres où tous ont failli.
Je devrais pleurer des morts d'Octobre
61
Et cracher sur d'autres de Charonne et
Enterrer sans remords ceux assassinés en
juillet 62
.
Mais ces assassins de la République,
Que la haine d'eux-mêmes étouffe,
N'ont pas un soupir pour aujourd'hui,
Pour la gamine que l'on couche
et que l'on brûle,
Pour les ténèbres qu'ils jettent
Sur le monde, et les mots et les rires .
Mon devoir ce n'est pas cette mémoire
Stérile
De la guerre et de l'horreur.
Mon devoir ma guerre
c'est la quête du bonheur …
Je ne porterai pas de joug,
Le joug de misères infertiles.
J'ai lu le passé consulter les livres,
Vacillant comme un homme ivre,
Moi dont on dit que l'histoire est un crime,
Dont on dit que les aïeux furent des bourreaux.
Ma force est mon eau ,
Ma liberté un fardeau et une joie.
Je marche dans une forêt contradictoire,
Et j'attends les fontaines et l'azur hideux
Dans les vaisseaux et les artères de l'Histoire,
Les épaules brisées
Et transpercées d'étoiles bleues
Écrit par daniel yves
"Il était né avec le goût du rire et le sentiment que le monde était fou"
Catégorie : Divers
Publié le 03/05/2007
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Akita |
Ton poème est un hommage à la liberté, ta souffrance une ode à la reconstruction du monde. Que Dieu et les hommes t'entendent. Le pardon nous élèvent, la haine et les guerres nous avilissent. Ce poème il fallait que tu l'écrives, pour que les autres se réveillent d'un sommeil trop longtemps peuplé de cauchemar. Amitiés. Daniel |
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daniel |