Le beau visage fatigué de voir,
Recrache les hommes qui peuplèrent ses creux.
De retour au port, elle ne se fie qu'à eux,
La douce odeur de mer qui sur un sol s'égare.
L'ancre fut jetée au fond des marins ;
Elle tapisse leur regard, froissé par le sel
Rejeté par les mouvances du puissant vin
Qui enivre et enjoue les proues et pétrels.
Rendez-vous des âmes, le passé est à l'heure,
Les bruits et les larmes surgissent des pavés ;
Les bras enlacés en guise de bonheur,
Les drames sur les joues se lisent au touché.
Les bars s'emplissent au rythme d'une fin,
Les cœurs se déchargent des souvenirs poisseux
Vécus de leurs yeux, soutenus par leurs mains
Qui ont coulé cette fois-ci plus d'alcool que de nœuds.
Le breuvage a l'effet d'une eau téméraire,
Qui rappellerait à l'ordre le bruitage des orgues.
Mais c'est bien leur repos qui se plonge dans ces bières,
Car à travers l'amère, c'est l'esprit qui vogue.
Quant au bois et au large qui repensent leur rencontre,
Leurs paroles accompagnent l'équipage dans leurs nids,
Remplis de silence et de lèvres saumâtres
Qui embrassent les nuits des patientes envies.
Mais les mâts se voilent d'une teinte blanchâtre, signe que les vagues se tordent d'ennui.
De nouveau les mains se laissent balloter ; qu'il est âpre cet air qui encercle leur vie !
La mer, funambule, s'accroche à la terre : le bateau s'arrache de son socle et des dires.
Les femmes apprennent par coeur à sourire,
Car il n'y a que les larmes que ces hommes peuvent retenir.
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Très beau poème et deux derniers vers très émouvants, l'ordinaire des marins qui prennent la mer. Merci daimo ! | |
jacou |