Je me souviens de son sourire quand il me prenait la main
Et de son rire qui fusait et partait de tout et de rien
Je me souviens de cette main qui tenait le pinceau
Et qui faisait apparaître des merveilles sur les tableaux
Qui prenait la palette et mélangeait les couleurs
Il mettait sur ses toiles toute la beauté de son cœur.

Et toutes les histoires de son enfance qu'il me racontait
Quand il me parlait de la guerre, de Paris et de Calais,
Des histoires de vent, de froid, des histoires de tchis
Les meilleurs, je crois, souvenirs de sa vie…

Râleur, il commençait toujours par me répondre non
Avant de réfléchir plus avant à ma question,
Généreux, après tous ses refus, ses négations,
Il me donnait alors tout ce que je voulais à profusion.

C'était un homme qui m'a donné tout ce qu'il avait
Et qui avait compris tout ce que la vie avait de vrai
Il m'a appris que, même si l'on vit le plus grand drame
Il est vraiment plus facile de rire pour oublier nos larmes
Qu'il faut toujours qu'on garde des étoiles dans les yeux
Car, sinon la vie fait de nous ce qu'elle veut

Je me souviens de lui avec un sourire sur le coeur
Il était plein de petites joies et de petits bonheurs,
Il était certainement plus pour moi que mon grand-père
Il était celui dans les bras de qui on pleure, on espère,
Il était la voix qui gronde quand on ne marche plus droit
Il était le soutien qui aide quand on ne va pas bien
Il était la tendresse et la force à la fois,
Il m'a appris aussi à trouver le bon chemin.

Je me souviens de sa confiance en moi,
Il savait que j'irais loin, que je le veuille ou pas
Il m'a laissé son amour en héritage,
Il m'a légué son enthousiasme et son courage
Son testament était le meilleur que l'on puisse ouvrir
Quand je l'ai fait : il n'était rempli que de souvenirs !