Elégant, si élégant, beau, mais élégant.
Curieux, si curieux, qu'aucun détail n'échappe,
aucun détail, ni bruit, pas le moindre parfum,
ni la proie potentielle, le confort d'une nappe.
Méchant, si méchant, doux, mais méchant ;
jamais coupable, dédaigneux pour tous ses crimes,
il tuera volontiers, même il s'amusera,
ah ! quel fou, quel ogre, grand démon sublime.
Méfiant, si méfiant, et alors ? il est méfiant ;
quand ses yeux sont circulaires, il s'interroge,
quand il fuit, son ventre racle le sol, il fuit,
n'importe où, tout devient refuge, il s'y loge.
Combattant, c'est un combattant, farouche mais,
discipliné : crête dorsale hérissée de poil,
intimidation : son clairon, un souffle sec,
une queue de renard, droite, hérissé de poil.
Chasseur, bien sûr, il chasse toujours, il chasse,
c'est un champion. Il chasse pour bien des motifs :
le jeu, la faim, l'instinct ; sa proie, soit il l'a dévore,
soit il en rit et l'offre : trophée de chasse.
Chasseur encore, il chasse, cynique, chasse,
il blesse et abandonne, il devient clément ;
Faux ! il blesse à nouveau dès que la proie s'éloigne,
l'agonie n'est qu'un fatal prélude au dénouement.
Jouant souvent, il joue de tout, se joue de nous :
le fil qui pend, l'épingle oubliée, le livre occupé ;
oh ! qu'à t'il vu au loin ? il semble surpris, ailleurs,
il n'a rien vu et pense : "Partez ! je veux la paix".
Doucement, tout doucement, tout en douceur,
il se meut dans l'espace, et son flan caressant,
frôle les pieds d'une chaise, effleure tout :
une jambe accueillante, un mur, tendrement.
Fainéant ? je ne sais pas s'il est fainéant ;
il dort certes beaucoup, c'est une jouissance,
il jouit du repos sans se soucier du reste,
ses lits sont choisis, pas de place à la chance.
Câlinant ? oh oui ! il câline à tout heure ;
il se frotte, réclame de l'amour en miaulant,
il se laisse et porter, et bercer, gratouiller,
s'il ne dort, ni ne chasse, il vit câlinement.
Ronronne mon chat, j'aime tant cette manière
qui est la tienne, d'exprimer ton extase ;
vieux réflexe instinctif, ce ronron apaisant,
te rassure et me berce, ah ! quelle extase.
Discret, si discret, parfois solitaire, seul,
tu décides tes départs, et choisis ton retour ;
et même blessé, tu ne réclames rien,
tu meurs cachés, seul, comme ultime bravoure.
Mon chat, mes chats, tous les chats, tous les chats
fussent ils griffeurs, velours, voleurs, voyous,
sont la force arrachée à la grâce, le calme,
la caresse apaisant le feu brûlant en nous