Ils ont fait le chemin jusqu'où passe le train
Puis, soudant leurs blanches mains, se regardèrent sans fin...
Là où poussent les herbes et meurent les fleurs,
Leur amour éternel scrute le monde cruel...

Lorsqu'ils se sont connus, étrangement dans la rue,
Ils le savaient déjà ; leur destin était là.
Ils ont vécu la faim, l'exclusion, les matins gris
Dans ces cartons mouillés en guise de lit...

Ils chapardaient, mangeaient n'importe quoi
Et si nul ne frappait à leur porte
Ca ne les dérangeait pas...
Le bonheur était là, la vie à deux plus forte que tout ça!!!

Puis, un matin, la faim, le froid
Et ce monde hostile qui ne les voyait pas,
Ont eu raison de leur bonheur,
Ont glacé à jamais leur deux cœurs...

Leur amour était fort, en dedans, au dehors
Personne ne voyait cette vie de misère.
Et les oiseaux complices de ce si long supplice
Les ont accompagnés...

Ils les virent s'envoler, le visage rayonnant,
Là, où leurs mains ne se sépareront plus,
Là où la faim ne les tenaillera plus...

Là, où les amoureux, pauvres, riches ou boiteux,
Vivent à cent à l'heure, sans tristesse ni rancœur.
Là où le soleil brille et réchauffe tout le monde,
Même ceux qui n'ont jamais trouvé leur place
Dans cette immonde ronde...

Le ronde de leur vie, celle qu'ils ont vécue
Celle qu'ils n'ont pas choisie, celle qu'ils ont reçue.
Un beau matin, ils l'ont brisée ; ils ont simplement voulu changer
La peur des lendemains en une Eternité sans fin.