Le poète quelquefois dans ses transes mystiques
Semble apercevoir, au-delà des mirages
Par delà les sommets, un endroit idyllique
Où l'on trouve parfois des dianes aériennes
Chasseuses de l'aède à l'âme vagabonde
Où les rivières chantent et les parfums enragent
Les sens du rêveur qui songe à un tel monde

Trompé par les éclats, les notes enchanteresses
Ô papillons de nuit attirés par les fées
Les poétesses alors dans une nuit d'ivresse
Hallucinante nuit où la trompeuse Orphée
Dans ses bras de satins caresse et abuse
Ceux qui songent à salir de leurs mains desséchées
Là où vont seuls mourir les faunes et les muses

Transcendance suprême, le poète est maudit
Mais pur comme un enfant délivré du péché
Abandonnant désirs, femmes et paradis
Il s'imagine vivre comme il a cru rêver
Ô cruelle Orphée ! Pourquoi l'as-tu lâché ?
Lui le poète qui seul a jamais pu t'aimer

Le poète dans sa chute battant ses ailes chétives
Tente follement de vivre, ô mouche maladive !
Que fais tu sur la terre ? Tu t'écrases déjà
Et à peine tu t'éveilles dans ta chambre crasseuse
Où règnent les cafards, les bouteilles et les rats
Que tu quitte la terre pour rejoindre les cieux