Je pose mon pied délicat sur cette embarcation branlante,
Tentant tant bien que mal d'y trouver un peu de confort, une assise.
Je n'ai pas l'habitude de partir seule, ainsi, à l'aventure,
J'étais de celles qui pensent que les plus beaux voyages sont ceux que l'on effectue à deux,
Toutefois un jour, en faisant distraitement les courses,
Je me suis mise à rêver, à m'évader,
Je me suis mise à m'imaginer un quotidien plus drôle, plus exaltant.
Ce jour-là en lieu et place de mes habituels radis,
Je me suis arrêtée devant les cerises et j'en ai pris une bonne poignée.
Elles semblaient si fraîches, si juteuses,
C'est fou comme parfois, un changement minime peut vous amener à revoir toutes vos habitudes.
J'y repense et je souris, tandis que je parviens à m'allonger dans ma barque,
Elle n'est pas si étroite finalement,
Je réalise que je m'y sens bien.
Je me laisse aller sur les flots, doucement, lentement,
Les images d'un verger plein de pommes rouges et mûrs me viennent,
Je me vois, cueillant chaque fruit et je sens le voyage devenir de plus en plus agréable,
A mesure que la confiance me gagne.
C'est alors que ma barque accoste, sur une terre noire et fertile,
Le soleil caresse ma peau et je m'enfonce dans l'herbe grasse,
Je me sens bien, détendue,
J'ai de plus en plus chaud,
Heureusement j'aperçois une source, une source d'eau fraîche, rafraîchissante,
Dans laquelle je plonge avec délice avant de découvrir qu'elle cache une superbe vigne.
Je m'approche des raisins gorgés de sucre et je m'enivre il me semble des heures durant,
J'en avale un, dix, cent,
Je déguste chaque grain jusqu'à la satiété,
Accompagnant chaque bouchée d'un soupir de volupté,
Enfin, arrive le moment où repue, je décide de rentrer,
Avec la certitude toutefois,
Que je repartirai.