"L'Auberge Vers-Sant: Le Capitaine de La Gamine"

Un éclair l'illumine dans le coin le plus noir.
Silencieux, il rumine et emplit de tabac
La pipe qu'il avait, dans un morceau du mat,
Sculptée de ses regrets, souvenir de ce soir...

"Alors que le soleil ponctuait les deux cieux
Et que la grande voile en caressait l'un d'eux,
On voyait les étoiles nous montrer le chemin.
En quête de merveilles, enchaînées au destin,

Nous glissions, soulevés, portés par les nuages
Quand soudain s'est levée, apparaissant au large
La vague de cent pieds prenant tout l'horizon.
Vers les dieux j'ai juré à en perdre raison.

Un fort vent s'éleva et força La Gamine
Qui craquait de douleur, à foncer de l'avant.
Scellant notre malheur dans un pacte de sang,
Mon esprit s'emporta, rongé par la vermine.

Risquant tout j'ai foncé de toutes voiles armées
Vers le mur des damnés qui semblait immuable.
Quand mes hommes m'ont vu, de rage intoxiqué,
En la peur ils ont cru, j'étais la proie du Diable.

Dans l'ombre d'un instant, La Gamine n'est plus
Héritage des parents à tout jamais perdu
Mon esprit fit naufrage, mon âme fut vaincue
Et de mon équipage, peu en sont revenu..."

Une lueur l'illumine dans le coin le plus noir.
Il allume sa flamme et brûle son tabac.
Ces souvenirs infâmes comme à toutes les fois
Lui rappel La Gamine et son dernier combat.

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Troisième poème en relation avec "L'Auberge Vers-Sant", en Alexandrins celui-là.