Un matin larmoyant jouant de la trompette...
L'heure change en chemin... croire qu'être innocent
C'est être un évadé de ce grand jour de fête,
D'alcool plus fort que tout, d'effluves et de sang...

Ah ces lieux bouillonnant de tendresse où nous fîmes
Au delà de demain s'étendre les échos
De nos cœurs abattus par le premier des crimes
Lassés d'aimer la chair dans les coquelicots !

Le souvenir trésaille et résonne... on épelle,
Lèvres vers le cosmos, la lourdeur des non-dits.
On appelle aussitôt à l'aide, elle, d'une aile
Battante de travers, tombe du paradis.

C'est ainsi : l'univers et sa saison des pluies,
Et nous sous le préau des enfants inconnus,
Pour seul décor des feuilles, feuilles qui s'enfuient
Vers la lueur malade d'horizons ténus.

Ce lointain lézardé par cet azur qui tremble...
Qu'en est-il au sortir de cette nuit des dieux
Où deux âmes fendues se brisèrent ensemble
Dans un éclat d'extase en se bouchant les yeux ?

L'heure change en chemin... les brins de blés jaunissent
Et puis la plaine est d'or puis le ciel se souvient
De cette humaine nuit d'odeurs et de calices
Versés d'une âme à l'autre et de ses va-et-vient.

Le livre est entrouvert à midi sur la table,
Les fleurs sont disposées dans le vase art déco,
Le chat dort enroulé, vivre m'est supportable,
Je pense : « Vivre ? Oui ! Mais naître ? Un quiproquo ! »

La bière et son parfum qui redéfinit l'homme
M'étreignent, c'est tout bon, la douceur d'être là
M'atteint sans m'alerter et je souris tout comme
Gwynplaine, mon ami. Mais que me vaut ce La ?

Je n'ai plus le tourment d'un cerveau qui grésille,
J'établis quelques vers ascendants, descendants,
Peut-être est-ce la bière ? Où les bras d'une fille ?
Qu'importe c'est un jour la vie entre les dents.