Que voici la belle aube du matin sur moi !
Le Soleil à peine scintillant se courbe déjà
Et la brise, légère, habituelle, sommeille encore…
Que dorme le jour qui n'éclaire même plus ma foi,
Et que vive l'enfant qui, dans son rêve d'aurore,
Se donne à l'inconscience de son âme…
Un instant, qu'il fallu, pour tremper ses yeux d'or
Dans le gouffre improbable et sacré de son sort ;
Pour se donner à toi, qui dans ta vie de fête,
Ne voit pas son regard… Innocent de poète !...
Ses ailes, croissance de son âme changeante,
Sous la bise hivernale en son cœur s'ensanglantent !
Que son aile ternie succombe encore –fonction
De son feu rayonnant, de son admiration – ;
Et par ses pères, antan –qu'un pélican bien trop jeune
Ne comprit que trop tard –, qu'il entame un long jeûne,
Et rallume le feu de la foi –bien stupide !,
Parce qu'elle perd l'enfant, aux joies de l'âme vide !...
Alors qu'il se défend, corps et âme, envers toi !
Toi, la foi qui attache aux cendres de son roi
Le doux baiser perdu de l'amour incompris !...
Puis à tout ce que lui… tout ce dont il sourit…
Il attend pour dormir –le souffle intense et froid
Vient mourir au papier, et l'encre de sa plume
Ancre au monde, à la vie, la même âme que toi :
Quand les mots, bien souvent, font médaille posthume –
Mais ne dormira pas… Alors –c'est le matin –,
Quand sa tête, vidée, repense à toi enfin –
Que tes ailes éternelles t'ont brisé longtemps –,
Il se meurt, comme toi, en enfer !... Pauvre enfant…
C'est au fond de son âme, en son amour perdu
D'avance –c'est en toi ! –qu'il renaît de ses cendres
Et qu'il prend dans ses bras –la plume en pleine vue –
Son cœur, encore beau, avant de te vendre…
OÂ !, que vive le froid de ces matins mourant,
Pour qu'un fragment de lui dorme encore, longtemps !...
A la fraîcheur d'antan, cet enfant, s'éprenant
D'une caresse incomplète, et d'une envie stérile
D'en finir de ce monde un peu trop flamboyant,
Respire avec son cœur, fête au doux nom subtil
Du poète insensible aux fruits de la passion
Fictive qu'est son corps, la mort de l'innocence
De sa vie d'autrefois !... O !, la douce immersion
Dans ces pensées nouvelles ! O !, la belle insouciance !...
Que l'amour redonné vive un dernier instant
Pour que l'enfant qui meurt souffle encore à son cœur
La brillante folie rêvée du combattant,
Qui, dans son épopée pour le dernier honneur,
Tua la tyrannie dans sa danse macabre,
Et toute ensanglantée, de pantins du grand diable
–Enterré dans l'enfer désertique de l'âme –,
Où les chairs en lambeaux sont tranchées par la lame
Au guerrier redoutable ! On n'y voit que le sang !
Mais la guerre est finie… Ne reste que l'enfant…
L'innocence à nouveau revoit sa pureté
Au grand jour des beaux temps… Il te regarde encore,
Mais ne t'écoute plus… Et chaque soir d'été,
Il se voit comme toi, poignarde son cœur d'or,
Ramasse ses lambeaux de chair… Il n'en fera
Qu'un misérable amas dans un grand feu de joie
Tournoyante dans sa tête… elle, qui explosera
Sur un bout de papier… puis, il s'endormira…
Écrit par Tchoulym
Écrire, c'est se découvrir émophile,
Saigner de l'encre à la première écorchure, Perdre ce que l'on est au profit de ce que l'on voit. Catégorie : Divers
Publié le 16/10/2010
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