Que laissera l'automne
sur les branches des arbres ?

Les ombres mortes gisent sur le sol
comme des feuilles tombées du silence,
et la mort elle-même s'allonge à l'horizon.
Tout repose.

Le soir qui se peint sur les feuilles
peint aussi ton corps nu
de toutes ses lumières
et tes cheveux épars sur le lit
contiennent tous les crépuscules
de mon ciel adolescent.

Aucune fleur n'avait alors parlé d'amour
et les murs se taisaient.
Seule la fenêtre ouverte oscillait
dans la respiration invisible du vent ;
toute proche, la cime d'un arbre ondulait.

Il fut un instant où tes yeux s'ouvrirent :
je les vis, et ils semblaient encore clos.
Tes yeux savaient alors toutes choses
et la nuit tombée recueillit tes larmes.

Mes yeux qui ne savaient que toi
pleurèrent eux aussi la nuit,
mais ignoraient tout de l'automne
qui habitait ton sein.

Aucun de tes membres ne prononça le mot
qui dévora le néant de la chambre.

L'automne mourut avec toi,
et le mot gravé sur ton coeur inerte
fut la seule chose qu'il laissa derrière lui
car mes yeux ignorants
surent alors que les branches des arbres
seront toujours mortes.