Petit matin grisâtre, on jurerait les cieux
Trop écœurés de voir ta miteuse tristesse :
Des hommes, gants aux mains, garnissent en vitesse
Un camion grinçant de la caisse aux essieux ;

On emporte les biens de la veuve. Ses yeux
Ont tant pleuré, qu'ils ont fini, cette pauvresse,
Par la conduire à son mari, vers sa tendresse,
Loin des hivers aux longs Noëls silencieux ;

Le fourgon mange un grand sommier, puis une armoire,
Un chapelet d'objets dépourvus de mémoire,
Des marmites sans voix, des bibelots en deuil ;

Et je sens naître en moi des frissons d'amertume,
En voyant son portrait qui passe, en un clin d'œil,
Éclairer sombrement ce manège posthume.

( d'après un poème de Chriséline )

Écrit par PlaieBaque
...
Catégorie : Triste
Publié le 22/11/2013
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 22/11/2013 à 11:39:54
Bien que n'ayant pas saisi le le sens du mot "d'après" dans ce contexte je salue l'écrit ! amicalement.
thimothee
Posté le 22/11/2013 à 12:06:34
J'aime ce sonnet, la mort emporte les aimés, les autres transportent les biens.

Merci du partage.
rebecca
Posté le 22/11/2013 à 12:14:26
A thimothee : inspiré d'un poème de Chriséline

Et à rebecca, merci de vos lectures
PlaieBaque
Posté le 22/11/2013 à 15:24:07
Bravo, quand on lit ton poème on voit apparaître la scène si bien décrite.

Il me semble pourtant que dans les quatrièmes vers des deux premières strophes il manque une syllabe.
Janus
Posté le 22/11/2013 à 15:47:18
Janus, tu as cette impression parce que ce poème suit les règles classiques, il faut découper les syllabes selon l'usage classique : Ca-mi-on trois syllabes, si-len-ci-eux quatre syllabes.
Voir à ce sujet le Littré en ligne : http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/

merci de cette ap-pré-ci-a-tion (cinq syllabes)
PlaieBaque
Posté le 24/11/2013 à 12:47:09
Merci beaucoup PlaieBaque pour cette explication et pour le lien. Il est vrai que je lis les poèmes plutôt à la manière néo-classique et ma remarque était plus une interrogation qu'un reproche.
Ce n'est que par ce genre de remarque constructive que l'on peut s'améliorer.
Encore un grand merci.
Janus
Posté le 24/11/2013 à 13:56:58
Merci d'avoir su conserver et même rendre plus évidente encore la pointe de malice avec le clin d'oeil du portrait
chriseline
Posté le 24/11/2013 à 14:23:09
A Janus,
je préfère savoir où je me suis planté, puisque j'essaie d'apprendre.
Posté le 24/11/2013 à 15:18:06
Bonjour Chris,
c'est moi qui te remercie pour le texte original qui a inspiré celui-ci.
Suivre un canevas de qualité épargne beaucoup de peine, et les apprentis poètes, dont je suis, devraient pratiquer cet exercice plus souvent.
Oui le clin d'œil du portrait, c'est la trouvaille que réclamaient les bibelots en deuil.
La fin du sonnet est cruciale, ainsi que son titre, elle concentre sa tonalité et toute sa substance. C'est tellement vrai qu'il vaut mieux écrire un sonnet en commençant par la dernière strophe.
Il en va de même pour les vers, il vaut mieux commencer par la rime et remonter vers le début.
Posté le 03/12/2013 à 15:44:00
Absolument délicieux, PB ! La forme (de laquelle pratiquement rien ne m'a échappé, ni trimètre romantique, ni vers à la césure "achoppée", ni diérèses du classique ancien, etc.), colle à merveille au sujet traité. Un pur enchantement. Du grand art !
Cesarion
Posté le 03/12/2013 à 21:14:52
Un sonnet Peletier en bonne et due forme, Cesarion ça fait plaisir quelqu'un qui voit le côté technique.
Je ne sais pas si ce poème est du si grand art, c'est un exercice difficile en tout cas.
Apprendre la prosodie classique n'est pas une fin en soi, mais je ne vois pas meilleure école pour se former.

PB
PlaieBaque
Posté le 03/12/2013 à 21:27:43
A mon sens, ça l'est. Et pour ce qui est de "l'école pour se former", je me dis, à peu de choses près, je crois, la même chose que toi.
Cesarion
Posté le 04/12/2013 à 19:30:43
Le septième vers est un faux alexandrin, personne n'a vu ça ? La césure classique ne doit pas tomber entre l'adjectif possessif et le nom.
PlaieBaque
Posté le 05/12/2013 à 02:57:13
Si, c'est ce que j'ai appelé une césure "achoppée", mais vraiment, dans le contexte de cette vieillesse poussée à sa dernière extrémité, je lui trouvais une force expressive vraiment probante, bref que cette entorse aux règles classique avait une justification profonde.
Cesarion
Posté le 05/12/2013 à 14:43:22
C'est vrai, le rythme ternaire semble justifier l'escamotage de la règle, comme le veuvage celui de la vie.
PlaieBaque
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19/04 08:58Sarahg
Ok.
19/04 08:56Plume borgne
J'ai pas dit le contraire
19/04 08:52Sarahg
Non, les destins peuvent être merveilleux.
19/04 08:50Plume borgne
Tout se résume au livre ivre d'une vie de givre
19/04 08:00Sarahg
Remarque, un livre où tout est déjà accompli, ce serait pas mal.
19/04 07:45Sarahg
Ce serait un livre douloureux. Un livre a besoin d'une histoire, de vie.
19/04 06:43Plume borgne
Imagine un livre d'une page dont le titre serait livre dans lequel il n'y aurait que le mot livre en préface en histoire et en résumé
17/04 07:42Sarahg
"C'est pas marqué dans les livres que l'plus important à vivre est de vivre au jour le jour, le temps c'est de l'amour..."
17/04 07:25Plume borgne
Les décisions sont un fléaux
17/04 06:51Sarahg
Indécis et ancré à la terre du destin.
17/04 05:00Plume borgne
Essaye d'imaginer quelque chose en étant le plus indécis possible
17/04 02:47Sarahg
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15/04 10:58I-ko
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