Assez parlé, toubib, je connais tes raisons,
Mais préfère la mort libre, à la vie en prison.

De tes soins éclairés je m'en vais m'écarter,
Ils ne sont plus médecine et ont goût de pitié.

"Vivre libre ou mourir", disaient les Jacobins,
"Vivre libre et mourir", tel sera mon destin.

Tout comme toi, mon ami, je sais lire les radios,
Les clichés, les scanners, valent bien mieux que les mots.

Le crabe pond ses œufs, certains déjà éclos,
Il essaime partout, il a donné l'assaut.

Arrêtons les tortures, remises tes chimios,
Garde tes palliatifs pour quelqu'un de plus sot.

Je veux vivre à pleine vie ces mois qui sont comptés,
Crois-moi mon camarade, je ne vais m'en priver.

A tes pieds, humblement, je dépose les armes,
Plus qu'un cesser le feu, c'est reddition sans larmes.

Ni capitulation, ni même déraison,
Je ne déclare forfait, je reprends mon bâton.

Je vais courir le Monde, faire le triste bilan,
De sa santé à lui, l'enlacer tendrement.

Retrouver mes amis, leur dire que mon absence,
Loin de n'être qu'oubli, s'était faite en conscience.

L'homme dit "civilisé" pollue par sa présence,
Les peuples éloignés, les assoiffe de science.

Je ne veux pas qu'on dise "il leur à apporté",
Ou bien "il leur a pris", juste "il a regardé".

Je veux au dernier jour, à la dernière seconde,
Pouvoir aller heureux et n'avoir pas de honte.

Je te salue, Toubib, entre nous le fossé,
N'est pas ces quelques vers, il est immensité.

Phil