Qaanaaq, ultime Thulé,
Dernier rempart des Hommes, prés du pôle située,
Dernier rempart d'un homme, d'une âme tourmentée.
Qu'étais-je venu y faire, comment suis-je arrivé,
Je ne m'en souviens guère, je préfère oublier.
Qaammatip, mon frère, au nom prédestiné,
La Lune était ta mère, tu me l'as raconté.
Chez toi l'on m'a logé, donné gite et couvert,
Venu pour une semaine, j'y ai passé l'hiver.
Au moment de partir, tu m'as dit "restes un peu",
"Il faut voir mon pays lorsque le ciel est bleu",
"Traverser la banquise, avant le grand dégel,
La vie dans le Grand Nord, peut avoir goût de miel".
Alors je suis resté, et fort bien m'en a pris,
J'ai découvert un frère, au delà de l'ami.
Je revois cette journée, qui a changé nos vies,
Lorsque, sans prévenir, la glace sous nous faiblit.
Chacun de nous sauva, alors, la vie de l'autre,
Je nageais mieux que toi, tu connaissais la côte.
La mort planait sur nous, sortis de l'eau transis,
Vêtements gorgés d'eau, nous étions en sursis.
Mais tes chiens sont venus, amenant le traineau,
Avec lui ce beau phoque, tué un peu plus tôt.
Tu as taillé la graisse, tu nous en as enduits,
M'as fait manger la viande dont je n'avais envie.
Tu fis coucher sur moi, qui m'étais endormi,
Deux boules de poils fauves, pour me tenir en vie.
Tu as lancé les chiens, t'es couché près de moi,
Tu t'y trouvais encore lorsqu'on nous retrouva,
Et ce fut le chaman, celui qui nous soignait,
Qui mêla nos deux sangs, pour toujours, à jamais.
Il nous déclara frères, nous avons partagé,
Ce que nous possédions durant presqu'une année.
Pourtant je t'ai déçu, pour le moins par deux fois,
Ne m'en tiens pas rigueur, ne me reproches pas.
Tu m'offris Sassumap, elle était ta moitié,
Cela, même de mon frère, ne pouvait s'accepter.
Je ne suis pas inuit, et nos cultures différent,
Même si comme toi, j'adore la Lune, la Mer.
Je me suis résolu à poursuivre ma route,
A continuer la quête, emporté par le doute.
Mais saches qu'où que ce soit que j'aille en ce bas monde,
Tu es là, près de moi, tu me suis comme une ombre.
Phil
Écrit par Phil
"Dieu Fasse que si mon âme n'ait pas su la séduire,Mon coeur pour sa part, se prépare à mourir..."
Catégorie : Amour
Publié le 01/11/2006
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magnifique poème Phil, très belle amitié... Je suis très émue par la beauté du texte, sincèrement...:) | |
MAZBRI |
quel beau souvenir, çà laisse rêveuse.... tellement bien écrit aussi. | |
plustout |
tu as une très belle plume, cher Phil, ce texte est superbe... amitiés, nico |
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Nicolas PILMANN |