Arbre centenaire aux feuilles égarées,
Voit ses maigres branches de plumes noires décorées.
Les corbeaux en nuage d'obscurité ailée
Poussent leurs cris sinistres dans la plaine désolée.
Un grondement sourd trouble le sinistre silence
Installé entre ces tombes, entre ces mort à jamais perdus,
L'Ange de l'Apocalypse, de sa terrible lance
Menace les cieux rouge et le Père faible et nu.
Croassements stridents et sépultures profanées,
Défi sans épargnés, violant le sommeil de ces fils décharnés,
De sous la terre aride sortent les spectres hurlants,
Remuant leurs chairs molles, relevant tristement
Ce supplice dont ils se croyaient épargnés,
Cette flamme rageante qu'ils pensaient éteinte.
Ô funeste destin de ces âmes damnées :
Leurs coeurs sont un néant et leur souffle une plainte,
Leur sang n'est que le pion de ce jeu,
Poudre à canon, sans aucune mémoire à leur honneur.
Le Saint Armageddon, guerre de tous les blasphèmes, commence dans le feu,
Les fleuves se gorgeront des entrailles et des pleurs.
Buvons, buvons ce liquide essentiel à Sa vie,
Grillons, grillons ces morceaux de viande si chers à Ses yeux,
Abreuvons tous nos vices, buvons jusqu'à la lie
Ce poison vermeil, nous planterons nos pieux
Dans ces cervelles vides dont s'échappent de délicieux moignons
De chair tendre. Corbeaux égorgés dont les cris
Teignent l'horizon glauque d'écarlate sali.
Et l'azur se remplit d'anges aux rires de démon.
Miroir du monde, sanglant combat
A armes égales mais qui jamais ne saurait cesser.
Qu'importe le vainqueur et qu'importe la gloire,
Car tous rejoindront ce macabre festin.

***

Eileen et Orpheus