Toi que j'aime et pour qui j'ai formé l'univers,
Toi que j'aimais avant le temps de ta naissance,
Ô toi que j'aimerai par-delà les enfers,
Pourquoi ton cœur a-t-il, aux rives de l'absence,
Abandonné soudain le souffle de mon Nom ?
Ton âme est devenue un creuset d'amertume,
Une source tarie, une étrange prison,
Où s'échoue toute joie, diluée dans la brume.
Laisse-moi m'approcher, te saisir par la main
Et poser mon regard sur tes larmes amères.
Laisse-moi dessiner sous tes pas le chemin
Vers ces hautes vallées qui nous étaient si chères.
Laisse-moi te conduire au puits de ce désert
Où le vent d'un manteau vêtira ton visage.
Laisse-moi chaque nuit veiller sous le ciel clair
Auprès de ton sommeil mouvant comme un mirage.
Alors tu sentiras les attaches du bruit
Desserrer leur étreinte et glisser jusqu'à terre ;
Dans ton corps épuisé le poids mort de l'ennui
Fera place à l'élan murmuré du Mystère.
Tu goûteras la danse effleurée des clartés
De l'aurore esquissée parmi la solitude,
Tu entendras ces chants trop longtemps écartés,
Et dont le galbe pur touche à la plénitude.
Tu trouveras enfin, tout désir dépouillé,
Ton silence et tes mots, ton intime poème,
Et je te rouvrirai le trésor oublié
De ton rythme profond, te rendant à toi-même.
Sur les plaies avivées qui tourmentent tes jours,
Je verserai le baume incréé de la Grâce.
Je te fiancerai à moi, et pour toujours !
Nous serons l'un à l'autre, embrassés, face à face …
* * * * * * * * * * * *
Notes :
Ce poème est le premier volet du "Triptyque du Grand Carême"
et s'inspire de plusieurs passages bibliques :
Livre du prophète Osée - chapitre 2 – verset 16 :
« Voici que moi, je l'attirerai,
et la conduirai au désert, et je lui parlerai au cœur. »
Livre du prophète Osée - chapitre 2 – verset 21 :
« Je te fiancerai à moi pour toujours. »
Cantique des Cantiques - chapitre 2 – verset 6 :
« Que sa main gauche soutienne ma tête,
et que sa droite me tienne embrassée ! »
Cantique des Cantiques - chapitre 2 – verset 16 :
« Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui. »
Je publie ce texte à dessein ce mercredi 26 février 2020,
ce jour étant le "Mercredi des Cendres" qui ouvre le Carême
de préparation à Pâques dans l'Eglise Catholique.
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Spiritualité
Publié le 26/02/2020
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magnifique merci |
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marinette |
Très beau poème Ombrefeuille, tendre la main à celui que l'on aime pour le ramener vers ce qui le rendait vivant, le hisser loin de l'ennui pour retrouver enfin ce sourire qui n'est plus | |
fee-de-ble |
J'en ai des frissons Ombrefeuille ! Si pur et si beau, merci de ces mots intenses, qui laisseront leur empreinte en moi pour longtemps... Bises :-) | |
Ombellune |
C'est l'amour dans son plus noble aspect, complètement désintéressé, qui s'exprime dans ces vers. L'amour qui relève qui est tombé à terre, qui lui rend l'élan profond pour avancer dans la vie. Bon début de carême à toi, bonne marche vers Pâques, la fête essentielle des chrétiens, que les catholiques fêteront une semaine avant les orthodoxes... si mes information sont bien les bonnes! |
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Matriochka |
fascinant sensuel sublime quel talent amitiés:) | |
romantique |
Une spiritualité qui vibre par sa sénénité absolue du poème au lecteur... La marche des êtres dans le désert impose ses lois pour survivre et la plus noble reste le sentiment de rester â l'écoute de l'autre... Merci et bravo Ombrefeuille ! |
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Yuba |
Merci à tous et à chacun pour vos pas en ce désert qui est écoute et contemplation. L'amour en effet, et lui seul, est à même de parler au coeur et de relever celui qui se sent écrasé par le poids de sa vie. Les passages bibliques sur lesquels je m'appuie ont leur importance. Le prophète Osée soufrait de l'infidélité de son épouse, et par son désir de la conduire au désert et de parler à son coeur, il traduit ce désir de Dieu Lui-même de nous offrir ce havre de silence et de restaurer notre être si souvent abîmé par nos "loupés". Le Cantique des Cantiques, qui s'appuie sur l'union parfaite des époux pleinement amoureux, exprime, parfois avec une certaine sensualité, l'harmonie qui peut régner dans une âme unie à Dieu. Ce livre biblique a longtemps été un peu "laissé de côté" car le langage amoureux qu'il emploie ne recule pas devant la corporéité, voire la sensualité. Depuis quelques décennies on l'"apprivoise", car la forme dit beaucoup du fond. Loin de moi la prétention de vous "faire le caté" en postant ce poème ! Je souhaitais simplement vous partager un peu de ma spiritualité, car chaque civilisation ou sagesse a en elle de l'universel et de l'intemporel. Les deux autres volets suivront en leur temps, d'ici à Pâques :) |
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Ombrefeuille |
Sublime premier chapitre, je n'ai pas d'autre mot, à côté de superbe et magnifique... C'est de la poésie comme j'en lis religieusement, je suis sous le charme des vers, de la mélodie, d'une harmonie à nulle autre pareille dans le choix des mots, l'agencement des vers m'impressionne sur un fond de Cantique (le plus beau des chants à mon sens) ainsi que des Prophètes. Refondre l'éternel n'est pas simple. De plus, la symbolique en cette matière est signifiante et très importante. Il y a plusieurs sens dans votre poème, ainsi qu'indiquait Dante pour sa Comédie. Il me faut le relire encore et encore pour tenter d'en épuiser le charme qui m'en fait captif. À cette fin, je mets en favori cette merveille poétique, en vous souhaitant un beau jour neuf :) | |
jacou |
Mille mercis, Jacou, pour ce partage hautement spirituel qui me va droit au coeur. Je sais quelle fulgurante conversion vous avez connue, ainsi que vous en témoignez avec cette droiture qui est vôtre. Je m'efforce, quand j'écris sur un thème religieux, chrétien plus spécifiquement, de puiser dans les Ecritures Saintes le suc des mots que je choisis et aussi de "toucher l'universel", c'est-à-dire de laisse mon texte ouvert à la lecture que peut en faire un croyant d'une autre religion ou un agnostique. Une phrase de Ste Bernadette constitue un fil conducteur pour moi : "Je ne suis pas chargée de le faire croire, je suis chargée de le dire" ("le" étant ici le récit des apparitions dont elle était favorisée et le message que lui donnait la Vierge Marie). Un tel état d'esprit libère d'un grand poids, car il n'astreint pas à une obligation de "résultat", et là est toute la différence entre témoignage et prosélytisme. Merci encore pour votre comm qui est une méditation, une contemplation. |
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Ombrefeuille |
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