Entre mes baskets et ma tête
Je suis une énigme complète.
Vous me scrutez, je le sais bien,
Vous dites qu'on n'y comprend rien.
Je cache un feu sous mon écorce,
Ma capuche et mes yeux butés,
Un coeur déchiré sous ma force,
Mes épaules, mes bras musclés.
Un cri attend dans mon silence :
On m'a trop poussé dans les coins !
Je briserai l'indifférence
Avec mes pieds, avec mes poings.
J'ai voulu provoquer la chance,
Sortir du gris et du béton,
Mais j'ai senti la différence,
Quand on m'a demandé mon nom.
Les banques sont déterminées :
Pas de cadeau, pas de crédit !
Les vacances sont terminées :
Pas de repos, pas de répit !
Ma ville, toi que j'ai griffée,
Je voudrais te déshabiller,
Te voir nue, calme et décoiffée,
Sans te toucher te contempler,
Te réchauffer quand tu frissonnes,
Te dessiner jour après jour.
Je prie pour que tu me pardonnes,
Je voudrais te parler d'amour.
Entre mes baskets et ma tête,
Je reste une énigme complète.
Vous me scrutez, en cherchant bien
Pourquoi vous n'y comprenez rien.
* * * * * * * * * * *
Note : Ce poème est également sous-titré "Urban slam"
et l'ébauche m'en est venue sous un abribus,
allez donc savoir pourquoi !
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Social
Publié le 18/04/2020
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sublime fascinant sensuel intense sensible et magnifique...j'ai beaucoup apprécié!merci Ombrefeuille quel talent!bon courage amitiés:) | |
romantique |
Bonsoir, Un Etre doit accepter l'Autre tel quel .. Si tu es Bien dans tes Baskets, reste Toi !! Il arrive qu'on soit un Jour , Enigme pour les Autres et pourtant ces Autres, en sont habillés .. pas toujours facile à les saisir .. qu'importe ! Ici, on aime tes Feuilles, jolie Ombre ! Lys-Clea |
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Lys-Clea |
Il y a dans de conflit dans la tête entre ce que l'on voudrait faire maintenant et ce que l'on peut faire! Belle présentation de ce duel intérieur/extérieur | |
fee-de-ble |
Un poème bien dans ses baskets ! Un instant sous un abribus rempli son esprit à défendre des valeurs humaine que je ne peux qu'admirer... Le poème écrit puis lu appartient désormais à son lecteur... Merci et bravo Ombrefeuille pour ces mots dévoilant une liberté absolue face aux indifférences ! |
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Yuba |
Le slam naît spontanément à la lecture, avant même de découvrir en notes le sous-titre. Quand le rythme urbain par excellence rencontre une sensibilité d'écorché vif. Merci pour cette belle composition. | |
Kanth |
J'adore ce poème et son rythme ! Bravo Ombrefeuille ! |
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Quai 21 |
Une réussite, ce poème, car tu évoques avec brio un vrai problème, celui de la discrimination d'origine sociale due où le fait de porter un nom à consonance étrangère, et/ou de venir d'un quartier dit "difficile", ferme automatiquement les portes de l'insertion professionnelle, quels que soient les efforts entrepris par le jeune. J'ai connu ça en formation transport. Nous devions "décrocher" un stage, et deux jeunes, l'un au nom tout à fait français et l'autre au nom maghrébin, se sont adressés aux mêmes transporteurs... je te le donne en mille, là où le garçon au nom français obtenait facilement un entretien, la demande de l'autre était rejetée, et il a eu toutes les difficultés du monde à trouver un stage dans les temps... CQFD! Une belle leçon de discrimination sociale, et une vraie matière à réfléchir pour moi (avec ma moitié russe "planquée" derrière un nom tout à fait français). Les vers assez courts donnent un rythme qui correspond très bien au sujet évoqué, et en lisant ton poème, je vois tout à fait les jeunes des quartiers Est, là-bas de l'autre côté du Rhône ;) Pas étonnant que l'idée t'en soit venue sous un abribus! |
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Matriochka |
Très fort ce slam aussi beau musicalement que dans ses messages. Je dirais que tu as capté l'âme même d'un slam, bravo Ombrefeuille ! Je me souviens avoir essayé d'en écrire plusieurs fois, sans succès pour ma part... On sent, en lisant le tien, que cela t'est venu naturellement sous l'abribus. La poésie coule en toi comme une rivière claire, c'est fascinant. Merci beaucoup... Bises | |
Ombellune |
Mille mercis à vous tous, Sylvain, Lys, Fée, Yuba, Kanth, Quai, Matriochka, Ombellune, pouv votre lecture attentive de mes mots urbains ... moi qui suis née rurale mais que la ville fascine depuis toujours (enfant j'adorais lire des histoires dont l'action se déroulait en ville, j'avais l'impression de partir à l'aventure ...) Vos réflexions au sujet des questions internes et sociales que mon texte effleure touchent pile et juste. Et l'exemple que tu cites, Matriochka, illustre à la perfection ce problème de notre société : le pari de la différence, et ce dans les deux "sens". J'ai bien fait de traîner un peu sous cet abribus, moi ... Expérience à renouveler, même si je suis très loin de posséder les éléments d'un remède aux blessures du vivre-ensemble. |
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Ombrefeuille |
Ombrefeuille, le poète est tout le monde et le souffle qui le prend est comme celui de la Pythie, sans explication aucune autre que la parole clamée pour ceux qui y croient seuls ! Vous avez été saisie par ce souffle qui vous va comme un gant, pas d'aspérité que la main du varappeur en poésie ne saisisse sans crainte de trébucher ! J'admire cette métamorphose urbaine, bravo ! | |
jacou |
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